Le récit du calvaire d’anciens pensionnaires d’une maison de redressement en Savoie, administrée en toute impunité durant les Trente Glorieuses par un abbé sadique, donne un film aussi bouleversant que nécessaire, plein de fantômes, de colère froide et de douleurs sourdes.
Avec sa bouille ronde, son monosourcil et ses fleurs dans les cheveux, Frida Kahlo semblait prédestinée à inspirer le cinéma d’animation. Destiné aux tout-petits, ce biopic minuscule retrace les épisodes décisifs de ses jeunes années, entre saillies pédagogiques, intermèdes oniriques et bonne humeur.
Avec « la Vie, en gros », Kristina Dufková signe une fiction en stop motion insolente et dépourvue de clichés pour dire l’acceptation de soi et d’un corps généreusement débordant.
Avec sa quinzaine de scénaristes, le film manque peut-être de personnalité, pas de savoir-faire ni de folie : cela part dans tous les sens, sans message ou arrière-pensée, dans une esthétique et une ambiance très années 1950 qui rappellent l’excellent « Géant de fer », le génie de Brad Bird en moins.
Si cette fiction reste à prudente distance de la question politique, elle se voit portée par une distribution impeccable (Marilyne Canto en particulier).
Avec « Prima la vita », Francesca Comencini signe un superbe film d’amour fusionnel et de réconciliation entre une fille et son père qui débute lors du tournage des « Aventures de Pinocchio », réalisé en 1972 par Luigi Comencini.
En résulte ce solide survival aux senteurs du maquis, un chouia coincé par sa sobriété : le film aurait gagné de l’ampleur en jouant davantage la carte romantique.
Il en résulte un film esthétiquement magistral, à la fois organique et sensoriel, trivial et sacré, au diapason de cette élégie prémonitoire d’une nation de damnés condamnés pour l’éternité à s’entre-dévorer.
Le deuil de la Londonienne a beau apporter un semblant d’âme et Hugh Grant, vieux beau face à sa finitude, du piquant le temps de quatre scènes, tout est cousu de fil rose, rabâchage d’une formule poussive et ringarde de la « rom com » pour lectrices de « Cosmopolitan » faisant mine d’épouser l’air du temps et l’âge de son héroïne.
Une fresque américaine ? Oui, mais d’une européenne ambiguïté. Un monument ? Peut-être, mais intimiste. Entre classicisme et modernité, Brady Corbet ne choisit pas et accouche d’un grand, très grand film.
Menés par un Jean-Paul Rouve de gala, les acteurs brillent moins par leur talent individuel que par leur esprit de troupe, chacun déroulant un petit numéro nécessaire à la bonne marche du collectif.
Evoquer la sexualité d’une femme (et la filmer tête nue) a valu aux deux cinéastes l’interdiction d’accompagner leur film lors de sa présentation en compétition à Berlin où il a reçu le prix de la critique internationale. Preuve définitive de la dimension politique et frondeuse de cette comédie aussi douce qu’acide.
Huis clos conceptuel, donc, écrit par le scénariste David Koepp (« Panic Room »), dont on se demande ce que Soderbergh cherche à faire. Une satire familiale ? Amusante. Un thriller surnaturel ? Raté. Un drame de la soumission chimique ? Un peu court.
Avec une approche esthétique (le noir et blanc) et réfléchie en termes de mise en scène, le cinéaste s’immerge dans une prison bruxelloise et filme sans interférer le quotidien des détenus et des gardiens. Un geste formel qui rend à tous la dignité qu’ils méritent.
Quel plaisir de retrouver ce héros gaffeur au cœur immense (à l’égal de son appétit) dans cette comédie d’aventures qui démarre de manière un peu pataude avant de retrouver un rythme endiablé.
Entre documentaire et opéra céleste, ce film sur et réalisé avec les Yanomami, tribu indigène de l’Amazonie brésilienne menacée par l’hégémonie blanche et colonialiste, offre une vertigineuse plongée sensorielle, politique et hypnotique dans leur culture.
Plus apte à incarner la solitude de la diva qu’à mimer son chant, Angelina Jolie est bien entourée par Pierfrancesco Favino (le majordome) et Alba Rohrwacher (la cuisinière) dont le film aurait gagné à adopter le point de vue, histoire d’en avoir un.
Tel est l’angle de ce solide thriller journalistique concentré sur les coulisses médiatiques du drame, à la fois prequel et contrechamp du « Munich » de Spielberg, en plus modeste et néanmoins remarquablement charpenté et interprété.