Evoquer la sexualité d’une femme (et la filmer tête nue) a valu aux deux cinéastes l’interdiction d’accompagner leur film lors de sa présentation en compétition à Berlin où il a reçu le prix de la critique internationale. Preuve définitive de la dimension politique et frondeuse de cette comédie aussi douce qu’acide.
Huis clos conceptuel, donc, écrit par le scénariste David Koepp (« Panic Room »), dont on se demande ce que Soderbergh cherche à faire. Une satire familiale ? Amusante. Un thriller surnaturel ? Raté. Un drame de la soumission chimique ? Un peu court.
Avec une approche esthétique (le noir et blanc) et réfléchie en termes de mise en scène, le cinéaste s’immerge dans une prison bruxelloise et filme sans interférer le quotidien des détenus et des gardiens. Un geste formel qui rend à tous la dignité qu’ils méritent.
Quel plaisir de retrouver ce héros gaffeur au cœur immense (à l’égal de son appétit) dans cette comédie d’aventures qui démarre de manière un peu pataude avant de retrouver un rythme endiablé.
Entre documentaire et opéra céleste, ce film sur et réalisé avec les Yanomami, tribu indigène de l’Amazonie brésilienne menacée par l’hégémonie blanche et colonialiste, offre une vertigineuse plongée sensorielle, politique et hypnotique dans leur culture.
Plus apte à incarner la solitude de la diva qu’à mimer son chant, Angelina Jolie est bien entourée par Pierfrancesco Favino (le majordome) et Alba Rohrwacher (la cuisinière) dont le film aurait gagné à adopter le point de vue, histoire d’en avoir un.
Tel est l’angle de ce solide thriller journalistique concentré sur les coulisses médiatiques du drame, à la fois prequel et contrechamp du « Munich » de Spielberg, en plus modeste et néanmoins remarquablement charpenté et interprété.
Qu’on ne se méprenne pas : on est ici très loin d’une « Leloucherie » baignée de social, mais plutôt dans le sillage d’une chronique au long cours façon « Nous nous sommes tant aimés », vampée par ce faux solitaire de Nour qui, sans bouger d’un cil, voit son petit monde ballotté au gré du temps.
Héroïne dépressive et maso, mise en scène se gargarisant d’effets concentrationnaires et de postures humiliantes, métaphores douteuses, rien n’est à sauver là-dedans, surtout pas la complaisance avec laquelle la cinéaste prend en otage ses personnages et ses spectateurs ni son incapacité à articuler une once de pensée profonde (alors qu’elle se prend tout du long pour Pasolini).
Ces treize films courts inspirés de poésies contemporaines nous invitent à emprunter les chemins de traverse et à faire l’école buissonnière. Porté par des narrateurs et narratrices aussi délicats que le dessin, voici un hommage vivifiant à l’imaginaire et à l’évasion bucolique.
Si le scénario manque parfois de souplesse, le geste de la mise en scène de ce premier film séduit. Mouvement brusque, étranglé et claquant révélant un cinéaste à suivre.
On passera sur les quelques maladresses qui empêchent « la Pie voleuse » d’atteindre l’altitude des tout meilleurs films du conteur de l’Estaque : sa délicatesse à l’égard des tragédies qui rongent ces « gens de peu » (formule hugolienne citée ici) le rend néanmoins précieux.
La grande subtilité de ce film percutant, pourtant presque immobile, tient aussi à sa grande violence : suspendu à son déni, il n’a pas d’autre levier qu’attendre une réaction de la joueuse.
Un film digne et émouvant, malgré une musique mièvre, porté par ses interprètes en tête desquels Domingo, 55 ans, fait figure de nouveau Morgan Freeman.
Sans les drogues (c’est une production Disney) mais fidèle à l’énigme Dylan, ce sale type génial, ce troubadour fuyant. Chalamet, très convaincant, cherche moins à l’imiter qu’à en transmettre l’esprit. Tout comme Mangold évite toute psychologie, cette plaie des biopics qui plombait son « Walk The Line » sur Johnny Cash, pour incarner une époque et filmer la jeunesse d’un mystère.
Dans ce beau film grave, Hélène Milano réussit surtout à offrir à chacun un « moment » face caméra, un visage et un corps. Ces corps contraints en salle de classe qui s’épanouissent ici lors de la formidable chorégraphie de deux jeunes gens.