Dans ce beau film grave, Hélène Milano réussit surtout à offrir à chacun un « moment » face caméra, un visage et un corps. Ces corps contraints en salle de classe qui s’épanouissent ici lors de la formidable chorégraphie de deux jeunes gens.
Ce road-movie, premier film emballant, où le réalisateur se projette dans un personnage féminin pour disséquer avec amour et causticité son rapport aux femmes, et en particulier à celle qui l’a mis au monde, multiplie les sorties de route pour déplacer son récit psychanalytique vers une fantasmagorie kitsch, malicieuse et mélancolique.
D’un polar folklorique généreux à un festival d’épate qui pique les yeux, il y a un pas que franchit allègrement le réalisateur, sans doute dépassé par sa fougue, l’exubérance de la région et des acteurs en roue libre.
La transposition manque d’allant, la féminisation de l’intrigue est écrite sans nuances ni distinction. Les scènes de duels pâtissent d’un montage à la serpe émoussée et le souffle promis dans la séquence d’ouverture retombe irrémédiablement.
On comprend le message : non seulement ce trio de bras cassés forme la psyché reconstituée du cinéaste, mais son voyage aux confins des marges relève pour lui d’une épreuve métaphorique – s’amuser avec les moyens du bord, démontrer son indéniable savoir-faire malgré la disgrâce.
Une manière pour elles de scruter la montée des replis nationalistes et des idées xénophobes dans des territoires sociaux et géographiques délaissés par les politiques. Trop rarement traité, ce sujet est abordé via un scénario solide (presque un peu trop) qui dit aussi la culpabilité de la trahison de classe et l’échec douloureux des idéaux familiaux.
A l’arrivée, un modèle inattendu de biopic musical au style de synthèse criard, assumant sentimentalisme et artificialité pour rendre aux poncifs sur le show-biz et la vie d’artiste leur vérité crue.
Huit aventures sans dialogues où l’on retrouve toute la vivacité créative des studios britanniques ainsi que leur art jubilatoire du pastiche. Un délice.
A louvoyer entre ces deux hypothèses, « Par amour » finit par se sentir à l’étroit, comme piégé par son devoir d’ambiguïté. Dommage car son postulat était alléchant et Cécile de France, très juste en mère aimante.
Plus inspirée dans sa peinture naturaliste du melting-pot prolétaire belge et du petit monde crapoteux du tueur pédophile – rebaptisé Dedieu et incarné par Sergi López – que lorsqu’elle veut faire (cinéma de) genre à coups de personnages grotesques et d’envolées mystico-sacrificielles, cette descente aux enfers de l’auto-justice et du complotisme d’Etat vaut pour son grain vintage et pour Anthony Bajon.
La réussite de l’ensemble doit beaucoup au formidable Laurent Lafitte. Malgré l’engagement sans limite de son personnage, il infuse le film de sa présence relâchée et malicieuse, de ses manières d’éternel touriste crépitant de pudeur et d’intelligence.
Sur le fil du risible (la fin y sombre), ce faux thriller érotique et vraie satire des rapports de pouvoir s’amuse de la morale pour tirer le portrait d’une femme névrosée, fragile et monstrueuse, soutenue par l’empathie narquoise de la réalisatrice Halina Reijn et une Nicole Kidman au sommet.
Adapté du livre témoignage de Marcelo Rubens Paiva, le nouveau film de l’auteur de « Carnets de voyage » est une plongée asphyxiée dans les pires heures de l’histoire du Brésil du XXe siècle. Salué par un succès public dans son pays, il s’agit sans doute de son meilleur film (...).
Le texte est beau – « Les films, estime Desplechin, n’ont cessé d’accueillir les vaincus » –, le montage, agile, et l’étau se resserre sur un cinéaste essentiel, Claude Lanzmann, auteur de « Shoah ».
Polar mettant en scène une course contre la montre entre un ex-flic et une organisation criminelle, le film de Rodolphe Lauga diffusé sur la plateforme américaine met en vedette Guillaume Canet. Le spectateur n’y perdra pas son latin mais plutôt 95 minutes de sa vie.