C’est intelligent, raconté avec talent, et bien que le réalisateur insiste pour n’y voir qu’une histoire d’amour qui dérape, il se glisse entre les images un sentiment plus confus, écho d’un pays divisé dont une moitié est dominée par un dirigeant violemment paranoïaque. Frissons garantis.
Grâce à une mise en scène redoutablement pertinente dans son jeu entre champ et hors-champ, il séquestre son héros (et le spectateur) dans les tréfonds d’un thriller familial et psychanalytique à l’infernale noirceur. Vertigineux.
Sans relâche, Lina interroge Hiam, ausculte sa colère, convoque son tempérament (à travers des poèmes écrits par l’actrice dès ses 14 ans) et réussit avec une grande intelligence à faire passer au spectateur la notion de ce que peut-être l’enfermement.
On aimerait apprécier complètement cette fiction inquiète et paranoïaque mais ce serait taire une longueur pas toujours justifiée et un récit nébuleux (ok c’est dans le contrat) nous égarant trop souvent.
Ce qui ressort, c’est l’extraordinaire désespoir de ces soldats au bout du rouleau, qui avancent malgré tout. Il y a là une formidable peinture de la nature humaine, et une conscience aiguë de ce qu’est la guerre (une déshumanisation).
On avait adoré « les Mal Aimés » série de films brefs invitant les enfants à ne plus avoir peur de ces animaux perçus comme inquiétants, telles les araignées. Ce nouveau volet, « Roquette et les Mal aimés » (6-8 ans), est toujours aussi chouette.
Altruiste ou violent, timide ou jaloux, Bob Marley est interprété par Kingsley Ben-Adir avec une mollesse qui ne se dément jamais. Grossier téléfilm ou mauvaise blague ?
Frontale, affirmée et douce, cette fiction (un rien longuette) réfute les codes de la fiction à thèse ou militants (aucune hostilité particulière sur le chemin de vie de Cocó) pour capter avec complicité les éveils d’un corps s’enhardissant à dire ce qu’il est profondément.
Le metteur en scène prend quelques libertés avec la vérité : Py fait du Py, le titre du film annonce d’ailleurs la couleur. Mais, dans ce huis clos morbide éclairé à la bougie, sa mise en scène – un faux plan-séquence – n’est pas sans virtuosité.
CONTRE : Les images léchées, la bande-son enfilant les madeleines FM comme des perles et le casting branché nous sont apparus comme les cache-misère d’une mauvaise pièce de théâtre, du simili-Tennessee Williams sous Tranxène, au récit aussi crypté que l’allégorie psychanalytique est basique.
Le film n’est pas exempt de défauts : histoire d’amour téléphonée, personnages un poil formatés – Roschdy Zem en baroudeur rangé des voitures, Pascale Arbillot en cheffe maternelle, Jean-Charles Clichet en tête brûlée. Mais Alix Delaporte a le don de parvenir à transformer la déprime ambiante en optimisme, fût-il ténu.
Du grand spectacle, avec immenses batailles, tours de magie, conflits entre les royaumes, effets digitaux massifs, plongée dans la mythologie de la Chine. On en a pour son argent avec ces cent quarante-huit minutes de bruit, de fureur, de miracles numériques et de violence esthétique.
La ligne claire du dessin et la mise en scène apaisée accompagnent avec justesse ce récit d’initiation et d’émancipation où un jeune adolescent prend conscience de la fragilité et de la responsabilité de la condition humaine.
De cette compétition véridique, le cinéaste transalpin tire d’abord une savoureuse tragi-comédie pince-sans-rire sur fond de rivalité phallique. En revanche, la seconde moitié, plus « mécanique » dans tous les sens du terme, risque de dérouter les néophytes.
Le corps féminin est-il prisonnier du regard masculin ? Le patriarcat n’est-il pas un poison ? Porté par l’interprétation lumineuse de Bayan Layla, jeune actrice d’origine syrienne, le film vise à informer, questionner, émouvoir. Mission accomplie, avec grâce.