Produit par Jordan Peele, le réalisateur de « Get Out », cette version, à l’aune du mouvement Black Lives Matter, met en scène un peintre noir, chic et branché, qui emménage dans Cabrini-Green « gentrifié » et se prend de passion pour le Candyman. On perd en ambiguïté et en émotions ce qu’on gagne en esthétisme arty et sous-texte politique.
Auteur de « l’Economie du couple », Joachim Lafosse, lui-même fils de bipolaire, signe un film organique sur l’amour et ses limites, au scénario trop répétitif. Mais l’intensité avec laquelle Leïla Bekhti et, plus encore, Damien Bonnard servent leurs personnages, l’osmose entre eux, sont belles à voir.
Du roman de Balzac, féroce satire du patriarcat, Marc Dugain a tiré un film à la fois fidèle et contemporain. La lumière, signée Gilles Porte, est superbement crépusculaire, et la distribution, si claire et juste qu’on pourrait se croire au Français, dans une comédie de Molière.
Chaque perspective ainsi qu’un remarquable travail sonore sur l’écho et le souffle du vent font éprouver physiquement la beauté et le danger de la montagne. Impressionnant.
Le hors-champ menaçant, les bruits qui surgissent de l’obscurité et l’immensité anxiogène du Scope nous plongent dans un cauchemar mortifère, sublimé par la mise en scène.
Sur un scénario un peu trop en pointillé pour captiver pleinement, la cinéaste parle de sororité pour dresser le constat inquiet d’un pays gangrené par le patriarcat et la violence policière. L’énergie de son héroïne et de sa comédienne s’accorde bien à une mise en scène rageuse.
Loin de tout pittoresque, « Stillwater » bénéficie du souci d’authenticité du réalisateur de « Spotlight », de son attention aux gens et aux lieux, un peu noyés dans la nature hybride de ce film trop long, à cheval entre le thriller, la chronique et le drame familial.
Pour nos militaires confrontés à une guerre invisible, à la fois désœuvrés et aux aguets, c’est le « Désert des Tartares » en plein Paris. Sur un sujet jamais traité, ce film très réaliste frôle alors le surréalisme.
Ce film limpide et épuré, ample et nuancé, évoque l’amour qu’il faut pour passer sur des humiliations enfantines (ainsi qu’en attestent certains souvenirs d’Emmanuèle) et accepter de voir un père, de plus en plus requinqué, se réjouir de sa fin prochaine.
La cinéaste attaque frontalement cette justice texane qui met en pièce la vie d’une femme à des fins carriéristes et/ou électoralistes. La mise en scène aurait gagné à être moins partisane, mais cette dénonciation n’en est pas moins terrifiante.
Le film – qui se borne à suivre les journalistes – est pauvre visuellement mais puissant sur le plan politique. Aura-t-il un impact sur une démocratie gangrenée ? La fin (les élections décevantes) laisse supposer que non.
Pour embrasser tout cela, le réalisateur (et acteur principal) fait le choix du mélo. Pari risqué, assumé et réussi. Grâce à une écriture qui refuse tout archétype et dessine des personnages à la bouleversante étoffe romanesque.
Pour son premier film, Laurent Lafitte met le paquet : le rythme est fracassant, les acteurs s’en donnent à cœur joie (Hélène Vincent, dans le rôle de vieille dame, est formidable), les situations sont burlesques. Reste, pour certains (dont je suis), la gêne devant le tabou de l’inceste. Ceci dit, le film est gondolant.