Pour son premier film, Laurent Lafitte met le paquet : le rythme est fracassant, les acteurs s’en donnent à cœur joie (Hélène Vincent, dans le rôle de vieille dame, est formidable), les situations sont burlesques. Reste, pour certains (dont je suis), la gêne devant le tabou de l’inceste. Ceci dit, le film est gondolant.
Mais pourquoi avoir adopté ce style difficilement supportable ? La caméra filme les pieds du visiteur, bascule vers le ciel, traîne dans le désert, fait des virevoltes et transforme un thème politique en récit maniériste exaspérant. Derrière les chichis, il y a cependant un vrai film, et il faut faire un effort pour le découvrir.
Efficace film de deuil et de fantôme, imprégné de paranoïa #MeToo, ce thriller élégant, qui reconduit les codes du roman gothique dans un décor Maisons du Monde, est gâché par le dernier quart d’heure grand-guignolesque mais porté par le jeu nuancé de Rebecca Hall.
Avec cette screwball comedy d’aujourd’hui, sensuelle, cocasse et attachante, où se mêlent loi du désir et quête d’identité, Charline Bourgeois-Tacquet, malgré quelques baisses de régimes, convainc, notamment dans les scènes entre Demoustier et Bruni Tedeschi, d’une douceur et d’une maturité bluffantes.
Comme dans « Blade Runner 2049 », Villeneuve cherche moins dans la SF sa part futuriste et fantastique que le prolongement de notre réalité, un univers tangible. Ainsi, il parvient à rendre l’œuvre de Herbert lisible et concrète jusque dans sa manière de traduire les pouvoirs télépathiques sans effets spéciaux, par de simples effets de montage sonore et visuel.
Malgré un scénario sans surprise, l’auteur du « Goût des merveilles » a mitonné un plat roboratif. Grâce à un casting gourmand, il en rehausse toutes les saveurs.
Un mélo à la sauce LGBT qui agace un peu dans sa représentation sage du couple gay : des garçons propres sur eux, artistes intellos (le cinéma manque cruellement d’homos prolétariens) et épicuriens. Mais le film offre aux deux comédiens des partitions dont ils se sortent avec pudeur.
La BO réunit la cool soul cuivrée des films de Lumet et le rock punk contestataire de Guy Ritchie. Le spectateur est entraîné dans un plaisir léger, mais indéniable.
Un script aussi prudent que la réalisation, reconstitution vintage des années 1960, qui ne se hisse jamais au niveau du talent irradiant de son interprète.
Philippe Lacôte, auteur de documentaires (« les Routes de l’esclavage »), en tire une ode à plusieurs voix, originale et superbe, comme un mystère du Moyen Age, version Mama Africa.
Pierre Niney, dans le rôle de l’enquêteur, allie fragilité et dureté et, dans le genre parano, réussit à nous contaminer. Prendre l’avion, après ça, va devenir compliqué.
A la fin de ce requiem, Clarisse sera seule, dépossédée du Meccano d’illusions qui la tenait debout. Il ne reste plus, alors, au spectateur que le plaisir des larmes. Depuis Douglas Sirk, cinéaste de chevet d’Amalric et maître des faux-semblants, on sait qu’il peut être grand.
Emanuele Gerosa, documentariste italien, les suit : certains rêvent d'un ailleurs, d'autres restent mais se sentent en liberté surveillée. Quel avenir pour ces conquérants de l'inutile ? Dans leurs espoirs, leurs limites, leurs élans, ils sont émouvants.
Certes, on est de tout cœur avec les organisateurs de ce projet dans une France très rurale, mais assister aux discussions, à la recherche de fonds, au travail de construction, c’est tout sauf un spectacle. Sujet d’article ? Oui. Sujet de film ? Non.
Un film en faveur de la scolarisation des fillettes, qui met magnifiquement en valeur son modèle symbolique. Seul bémol : une tendance à enjoliver la réalité pour mieux répondre aux exigences du feel-good movie.
Certes, le scénario frôle parfois la mièvrerie, mais un délicat sens de l’humour et un récit riche en rebondissements rectifient le tir. De même qu’une animation qui met en scène les éléments (le feu, la mer…) et la lumière avec maestria.
Ce film, qui fait entendre des langues multiples et des mots accidentés, est servi par une mise en scène alternant plans-séquences et brusque découpage. Les premiers évoquent l’utopie d’une réconciliation, les seconds rappellent l’existence de frontières politiques et sociales infranchissables. Brillant.
Inspiré d’un fait divers suédois, « Un triomphe » manque d’idées de cinéma, mais relate une aventure humaine touchante transcendée par le naturel de ses acteurs, au premier rang desquels Kad Merad, aussi bien que dans la série « Baron noir ».