Si le scénario, joliment ironique, reste dans les clous, la mise en scène, avec ses improbables angles de prises de vues, donne un joli coup d’accélérateur à un genre balisé.
Cette martyre du combat féministe, idéalement incarnée par l’inconnue Albina Korzh au visage de laquelle Charlène Favier (« Slalom ») arrime sa mise en scène, méritait mieux que ce biopic léché et mal construit.
Assumer l’outrance jusqu’au bout façon « Calmos » de Bertrand Blier (auquel le film adresse un clin d’œil) lui aurait mieux réussi que son dénouement de boomer post-soixante-huitard. Ce n’est pas une raison pour bouder son plaisir, la joyeuse cocasserie du film et un Benjamin Lavernhe irrésistible en faux coupable consentant, acteur raté et mari déconstruit.
Sur l’émancipation des minorités dans un pays fondé par l’immigration où le racisme a d’autant moins de raison d’être, la parabole vampirique se révèle plus pertinente qu’elle n’en a l’air.
Dans le rôle de cet homme privé de sa virilité patriarcale et prêt à tout pour la reconquérir, Toni Servillo, servile et suavement fourbe, est juste magistral. Mais Elio Germano dans le rôle de l’héritier prisonnier et solitaire, privé de sa vie depuis sa naissance, ne l’est pas moins.
Les clients se succèdent, s’arrêtent un temps dans l’existence de Max avant de s’éloigner, laissant sous la (belle) surface la sensation d’un scénario trop prudent et trop programmatique.
Polar musclé autant que désespéré mis en scène avec une énergie chorégraphique par cet ancien rappeur, danseur de hip-hop et adepte de kick-boxing – influences que l’on reconnaît dans le souffle de ce film colérique et lyrique –, « Zion » est aussi une œuvre politique.
Seul Anthony Hopkins, face livide et timbre suave, remplit gaiement sa part du contrat, composant un super boomer démoniaque, sorte de surmoi trumpiste que le film laisse pourtant désespérément en jachère.
Né de l’imagination de Dav Pilkey, auteur gentiment subversif de livres pour enfants (on lui doit entre autres figures cultes le Capitaine Superslip !), ce cartoon ravit par sa mise en scène d’une folie graphique délirante.
Drame monstrueux ou freak show ? Magnus von Horn ne choisit pas et, dans un noir et blanc hanté, déploie sa panoplie d’ambianceur. Tantôt David Lynch, tantôt Bergman. Il n’est pas manchot, certes, juste lourd avec ses gros effets sonores sur des scènes d’une violence morale ou physique terrible.
Certes, il faut s’habituer aux longues pauses entre chaque réplique mais ce premier film somalien sélectionné à Cannes (Un certain regard) – et premier long-métrage du réalisateur – donne toute sa mesure sur la longueur. Et c’est beau.
L’animation magnifie les accords musicaux grâce à un dessin faussement lisse, accidenté par un tremblement fébrile et par des mouvements de caméra donnant à éprouver le dilemme du héros.
La mise en scène, elle, fourmille d’audaces surréalistes et décalées (comme ces séquences psychanalytiques autour de la manipulation d’une poupée), parfois marquées mais toujours pertinentes.