Qu’on ne se méprenne pas : on est ici très loin d’une « Leloucherie » baignée de social, mais plutôt dans le sillage d’une chronique au long cours façon « Nous nous sommes tant aimés », vampée par ce faux solitaire de Nour qui, sans bouger d’un cil, voit son petit monde ballotté au gré du temps.
Héroïne dépressive et maso, mise en scène se gargarisant d’effets concentrationnaires et de postures humiliantes, métaphores douteuses, rien n’est à sauver là-dedans, surtout pas la complaisance avec laquelle la cinéaste prend en otage ses personnages et ses spectateurs ni son incapacité à articuler une once de pensée profonde (alors qu’elle se prend tout du long pour Pasolini).
Ces treize films courts inspirés de poésies contemporaines nous invitent à emprunter les chemins de traverse et à faire l’école buissonnière. Porté par des narrateurs et narratrices aussi délicats que le dessin, voici un hommage vivifiant à l’imaginaire et à l’évasion bucolique.
Si le scénario manque parfois de souplesse, le geste de la mise en scène de ce premier film séduit. Mouvement brusque, étranglé et claquant révélant un cinéaste à suivre.
On passera sur les quelques maladresses qui empêchent « la Pie voleuse » d’atteindre l’altitude des tout meilleurs films du conteur de l’Estaque : sa délicatesse à l’égard des tragédies qui rongent ces « gens de peu » (formule hugolienne citée ici) le rend néanmoins précieux.
La grande subtilité de ce film percutant, pourtant presque immobile, tient aussi à sa grande violence : suspendu à son déni, il n’a pas d’autre levier qu’attendre une réaction de la joueuse.
Un film digne et émouvant, malgré une musique mièvre, porté par ses interprètes en tête desquels Domingo, 55 ans, fait figure de nouveau Morgan Freeman.
Sans les drogues (c’est une production Disney) mais fidèle à l’énigme Dylan, ce sale type génial, ce troubadour fuyant. Chalamet, très convaincant, cherche moins à l’imiter qu’à en transmettre l’esprit. Tout comme Mangold évite toute psychologie, cette plaie des biopics qui plombait son « Walk The Line » sur Johnny Cash, pour incarner une époque et filmer la jeunesse d’un mystère.
Dans ce beau film grave, Hélène Milano réussit surtout à offrir à chacun un « moment » face caméra, un visage et un corps. Ces corps contraints en salle de classe qui s’épanouissent ici lors de la formidable chorégraphie de deux jeunes gens.
Ce road-movie, premier film emballant, où le réalisateur se projette dans un personnage féminin pour disséquer avec amour et causticité son rapport aux femmes, et en particulier à celle qui l’a mis au monde, multiplie les sorties de route pour déplacer son récit psychanalytique vers une fantasmagorie kitsch, malicieuse et mélancolique.
D’un polar folklorique généreux à un festival d’épate qui pique les yeux, il y a un pas que franchit allègrement le réalisateur, sans doute dépassé par sa fougue, l’exubérance de la région et des acteurs en roue libre.
La transposition manque d’allant, la féminisation de l’intrigue est écrite sans nuances ni distinction. Les scènes de duels pâtissent d’un montage à la serpe émoussée et le souffle promis dans la séquence d’ouverture retombe irrémédiablement.
On comprend le message : non seulement ce trio de bras cassés forme la psyché reconstituée du cinéaste, mais son voyage aux confins des marges relève pour lui d’une épreuve métaphorique – s’amuser avec les moyens du bord, démontrer son indéniable savoir-faire malgré la disgrâce.
Une manière pour elles de scruter la montée des replis nationalistes et des idées xénophobes dans des territoires sociaux et géographiques délaissés par les politiques. Trop rarement traité, ce sujet est abordé via un scénario solide (presque un peu trop) qui dit aussi la culpabilité de la trahison de classe et l’échec douloureux des idéaux familiaux.