Le casting se donne à fond : Karin Viard, irremplaçable, Tom Leeb, parfait en play-boy sans scrupule, Youssef Hajdi, tordant en pote aux conseils dégénérés.
Interprété avec brio par Arieh Worthalter dans le rôle complexe de Goldman, et Arthur Harari, hallucinant de justesse en Kiejman, écho à notre époque – racisme, antisémitisme, police taxée de xénophobie –, « le Procès Goldman » est un film brillant et politique sur le verbe, mais surtout sur la dialectique.
En trois heures absolument magistrales, sur le mode largo, on assiste à un poème spirituel dont chaque image renvoie à la question troublante : notre place (infime, absurde) dans l’univers.
Personnages hirsutes, répliques sentencieuses, mise en abyme, crises maritales, amoureuses et existentielles…, le scénario aligne tous les clichés et navigue à vue.
Si le sens de l’atmosphère et le savoir-faire visuel du réalisateur pallient les moyens limités et charrient quelques moments d’une efficace noirceur, la peinture grossière des tensions sociales post-« gilets jaunes », des péripéties de plus en plus improbables et l’antipathie que suscitent les personnages érodent comme l’acide notre intérêt pour le film. Rageant !
Si la mise en scène reste timide, avec des facilités de débutante (la musique comme liant), le scénario offre de belles partitions aux comédiennes, dont Mathilde La Musse et la toujours parfaite Sarah Suco en avocate engagée.
Le troisième film de la Suisse Delphine Lehericey décrit la métamorphose, émouvante jusque dans ses maladresses, d’un retraité proustien en funambule aérien, qui, peu à peu, « se met dans les pas de l’autre » (belle définition du deuil). Un rôle taillé pour Berléand et un hommage à La Ribot, qui sait faire chavirer les corps et les cœurs.
Les films de Kaurismäki, grand admirateur du muet, capable en retravaillant les mêmes motifs d’aller chaque fois à l’essentiel, avec cette poésie extrême qui lui permet d’atteindre la lumineuse pureté d’une sonate.
es aventures ludiques mais aussi parfois cruellement mélancoliques qui, plus de cinquante ans après leur apparition à la télé française, n’ont pas pris une ride. Le bonheur à l’état pur.
Ce sont notamment Pierre (François Cluzet), Meriem (Adèle Exarchopoulos), Fouad (William Lebghil) et Sandrine (Louise Bourgoin). Parfois, ils éprouvent des doutes, font des erreurs, sont sujets à la lassitude, mais c’est toujours la passion de transmettre qui l’emporte. « Un métier sérieux », où les enseignants paraissent les cousins des soignants, aurait dû s’intituler « Un beau sacerdoce ».
Après l’échec du « Sel des larmes », Philippe Garrel retrouve la grâce de son cinéma dans cette histoire de transmission et d’émancipation artistiques sur fond d’hommage à un art populaire et enfantin, auquel le cinéaste rend sa magie et sa poésie.
La visite touristique de la ville est exquise, malheureusement encombrée de dialogues obscurs : l’intrigue est incompréhensible, la réalisation, ultra-plate, mon tout aussi soporifique qu’un concours de macramé sous Temesta. Les fameuses petites cellules grises de Poirot ont pris le large.
Il y a à boire et à manger dans cette comédie foutraque (point d’orgue : la scène de composition improvisée avec un orchestre local) où Pierre Niney, habité, sans chercher le mimétisme, campe un alter ego savoureux de Gondry.
Breillat n’est pas là pour plaire. Son truc ? Pousser le spectateur et ses personnages dans leurs retranchements. Interroger nos hypocrisies, la violence du déni et des carcans bourgeois à travers la transgression. Dénicher le beau dans l’impur. Elle le fait ici avec une rigueur d’entomologiste et une empathie éperdue pour ceux qu’elle filme.
On dit du punch réunionnais qu’il approche par sa générosité et son mordant la version antillaise. Celui que notre camarade David Caviglioli et son comparse Hugo Benamozig ont préparé pour leur nouveau séjour sur la grandiose île de la Réunion, après leur premier long-métrage, « Terrible Jungle » (2020), en reprend bon nombre d’ingrédients.