Si le scénario de ce polar karmique s’égare parfois un peu dans son dédale – à l’image du héros dans les rues de la Goutte-d’Or –, la mise en scène rectifie le tir. Envoûtante, opaque et surréaliste, elle immerge le spectateur au sein d’un labyrinthe mental et mélancolique dans lequel c’est une belle expérience de se perdre.
De révélations en coups de sonnette importuns, une routine s’installe, et tel le clafoutis faisant office de running gag foireux, ce film pas drôle retombe comme le flan déguisé qu’il est.
Inégal, « Mad Fate », avec son esthétique de giallo, emporte le morceau grâce au style du cinéaste, cette manière unique de filmer la ville et ses méandres comme des prolongements de la dinguerie des personnages, qui finissent même par être émouvants.
D’abord inquiétante, la musique devient chœur vibrant, mélopée enveloppante. Les images et les sons tressent autant de sensations fortes, presque physiques. Pour dire la perte, la révolte, la colère. Et le miracle inespéré de l’amour.
Jusqu’ici en friche, leur univers s’épanouit enfin dans le romantisme noir de ce « Eat the Night », sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs cannoise, dont les quelques errements et longueurs n’entament guère les idées de cinéma (beaux échos entre le réel et l’univers virtuel) et le portrait sensible d’une jeunesse violente et désœuvrée.
Peu montré pendant toutes ces années hormis dans quelques festivals, ce film qui exalte la saudade tout en plongeant dans l’incubateur d’une génération est aujourd’hui culte.
Ombres chinoises, papiers découpés ou animation classique…, trois courts-métrages (deux iraniens et un russe) pour enseigner aux plus jeunes le respect de la nature et des arbres. Vif, alerte et malicieux. Un florilège qui envoie du bois.
Ce huis clos carcéral entre une matonne et le meurtrier de son fils passe par l’acceptation d’une grosse ficelle de scénario. Mais, pour son deuxième long après l’excellent « The Guilty » (2018), Gustav Möller prouve qu’il sait faire monter la tension.
Visiblement, les deux équipes de scénaristes n’ont pas jugé nécessaire de se rencontrer. Dommage. Car le récit, construit en deux couches très distinctes, en souffre terriblement. Tout comme le rythme. Certes, les petites créatures oblongues jaune et bleu sont toujours aussi poilantes. Mais ça, on le savait depuis longtemps.
Ce très joli mélange, entre chronique erratique et road-movie à deux à l’heure, est aussi désarçonnant qu’emballant. Naïf, peut-être. Poétique sûrement. A découvrir assurément.
Sont-ce les cauchemars du flic ou sa paranoïa qui s’invitent dans le récit faussement calme, comme le courant du fleuve ? A la fin, un mystère demeure et, avec lui, l’impression d’une contrée gouvernée par des intérêts obscurs qui écrasent l’individu. Ce n’est pas rien.
Scarlett Johansson en femme affranchie est délicieusement primesautière. Face à elle, le flegme naturel et loufoque de Channing Tatum fait des étincelles.
Les acteurs jouent leur partition avec sobriété, Isabelle Huppert en tête, mais Hafsia Herzi et Nahuel Pérez Biscayart aussi, qui composent un couple auquel on croit dans ce film utopique et ouvert à une possible réconciliation des contraires.
L’acteur-réalisateur-scénariste-producteur veut trop embrasser (le collectif et l’individuel, les pionniers, les crapules, les femmes, les Indiens), manque de souffle et n’en donne guère au film. Verdict aux prochains… épisodes ?
Ça pétarade à tout-va, et, oui, le spectacle est là. On regrette juste que le film ne vise pas plus haut qu’une copie bien menée de tout ce que le cinéma d’action asiatique et américain nous propose ces dernières années.