On était en droit d’attendre bien mieux de Bong Joon-ho, auteur immense de « Memories of Murder » et de « Parasite », que cette fable SF malade et contrastée, qui recycle avidement ses thèmes de prédilection (anti-impérialisme, mélancolie du monstre, lutte des classes) sans parvenir à installer le moindre enjeu d’envergure.
Ce western crépusculaire (les canidés sauvages tiennent lieu de cerbères d’Hadès) dénonce les mutations économiques tragiques et la perte des idéologies collectivistes. Une claque.
Par son esthétique baroque, ses images étranges telles que l’objet mystérieux fabriqué par un alchimiste ou une collection de statues d’anges sous plastique, la place de l’enfance avec une fillette mutique dont un mot rend au vampire son humanité, dans tous ses détails ce premier film était une réussite.
De la tyrannie installée par le capitaine taïwanais, belle figure d’ignominie, à la colère divine qui pointe à l’horizon, c’est un enfer sans limite que quadrille « To the North ».
La prose obsessionnelle du poète beat, Guadagnino la traduit en lubricité poseuse qui rend interminable la stagnante première moitié, malgré un Daniel Craig bluffant.
L’ensemble donne un film plein de drôlerie et de charme mais qui paie parfois durement sa politique de la roue libre comme son ultra-proximité au réel. Le trop-plein de gravité déclenché par ce voyage thérapeutique ne s’accorde pas toujours avec ses velléités de comédie foutraque et buissonnière.
On décèlerait presque un soupçon d’humour ironique dont Catherine Deneuve serait la gardienne. Jamais dupe des enjeux de ce personnage « orphéen », elle distille dans le rôle de cette femme découvrant sa nouvelle condition une malice savoureuse. Dire qu’elle excelle est un euphémisme.
L’écriture, gamme musicale composée de belles ruptures émotionnelles, se voit amplifiée par une mise en scène toujours à bonne distance, faite de plans serrés attentifs, empathiques mais jamais insistants.
(...) la jeune génération se reconnaît-elle en ce Jamel quinquagénaire, symbole de la banlieue que la réussite et le passage du temps ont rendu un peu lointain, vintage ? C’est cette inquiétude qu’exploite judicieusement « Mercato », par-delà les vicissitudes croquignolesques du foot business.
Cruauté distillée à la façon d’un supplice chinois, imaginaire sculpté par la connivence barrée et la malice des deux adolescentes, le film oscille entre burlesque abrasif et ironie affectueuse, maîtrisé de bout en bout, limite maniaque.
Un film médiocre dont les puissantes vertus en disent long sur le marasme politique ambiant et les inquiétudes qu’il suscite, d’autant plus qu’il vient d’Allemagne où la peste brune reprend des couleurs.
La réalisatrice restreint et retient son geste, acheminant cette histoire de trahison et de manipulation amoureuse vers un final trop rapide et trop prudent. Mais les acteurs trouvent joliment leur place dans une mise en scène un rien ténue mais qui les sert avec justesse.
Comparse de Lukas Dhont à l’école de cinéma, Anthony Schatteman signe pour son premier long le pendant solaire du crépusculaire « Close » de son ami. Et fait fondre nos cœurs endurcis.
Dans cette parabole sur le destin, l’amitié, le deuil et la résilience, l’auteur du déjà très remarqué « Sparrows » (2016) compose par la seule beauté de sa mise en scène un chant funèbre et pourtant plein de vie.
Ce docu bancal oscille entre l’hagiographie (Brian l’anti-Jagger, le martyr de la pureté non commerciale) et le trash (Brian le junkie, qui engrosse toutes ses compagnes avant de les abandonner).