Le Joueur de go s’apprécie donc pour ce qui constitue aussi ses propres limites : les références d’une culture et d’une morale formelle qui ne sont plus et dont il livre une expression spectrale parce que, peut-être, trop respectueuse.
Difficile de ne pas être révolté face aux méthodes d’une violence extrême que déploient les multinationales pour chasser toujours plus loin les peuples indigènes.
Inspiré de la sauvagerie des pièces de Florentina Holzinger, le film impressionne par son jusqu’au-boutisme et le spectaculaire d’une mise en scène et de décors qui poussent le récit vers une forme d’abstraction mythologique d’une folle noirceur. Au risque d’épuiser son spectateur sur la longueur.
Si l’ensemble ne va pas au-delà de l’exercice référentiel, il s’y prête avec assez de tendresse, de drôlerie et d’inconséquence pour qu’on s’y laisse prendre. On pense par moments à l’humanisme roide d’un Aki Kaurismaki, qui tourna lui aussi un muet anachronique, Juha, en 1999.
La fiction, presque timide, joue son rôle de comblement illustratif de l’imaginaire tandis que le réel, au contraire, combat avec le néant et y fait palpiter la bouleversante et tragique histoire d’un homme qui aura, dès son vivant, disparu derrière ses secrets.
Faut-il alourdir ou alléger la condamnation ? Le film capte le dénuement des jurés, dont Fabio (Julien Ernwein, qui dans la vraie vie travaille sur un chantier), manutentionnaire dans le recyclage de métaux, qui devient la figure centrale du récit. A voir.
Un splendide travail du cadre ainsi qu’une photographie subtile, signée par l’Allemande Constanze Schmitt, varient les angles sur cette héroïne plongée dans le désarroi, mais quelque peu figée dans son trauma.
S’ensuit une série de scènes aussi drôles que malaisantes, où Armande Pigeon multiplie les rencontres et dépasse les limites de la bienséance. Elle tient tête, ose, drague à tout-va, ne s’apprête jamais. Aimer perdre se déploie ainsi à rebours des valeurs en vogue.
De l’espace polémique qui régit tout discours sur la corrida, le film se tient délibérément au-delà, ou plutôt en deçà. En ne recourant ni au commentaire en voix off ni au dispositif de l’entretien pour leur privilégier des faits bruts, il investit plutôt la tour d’ivoire qui entoure son personnage, cette suite d’« après-midi de solitude » qui, selon le titre, recouvre la souveraineté isolée du torero.
Un film splendide et furieux, où tout Chéreau semble s’être rassemblé, concentré. (…) Une inégalable énergie vitale. Une jubilation feuilletonnesque que Chéreau a formidablement saisie.
A vrai dire, en raison de la faiblesse de la mise en scène, tout ici semble marionnettisé, affublé d’un faux nez de film de Mafia. Narré par le personnage de Costello, qui parle en fait tout seul en se projetant des diapositives du temps passé dans son salon, The Alto Knights manque singulièrement de la violence, de l’effroi et de la vitalité nécessaires à son propos.
A la suite de rebondissements qui mèneront à la résolution de ce mystère, on préférera l’immersion dans l’univers de la sapologie parisienne, vraie curiosité d’un premier long-métrage tiraillé entre fantastique et comédie.
Après cet épisode nostalgique du jeune âge et des yéyés, qui joue à hauteur du handicap, la seconde partie s’attache à dérouler la biographie de Roland Perez, avocat des célébrités, dont est inspiré le film, et perd sa singularité podale.
Frôlant parfois le risque de tomber dans le piège de l’anecdotique ou de l’évanescent, le deuxième long-métrage de la réalisatrice chilienne trouve, par instants, le charme de ces chansons qu’on se plaît à fredonner avec tout le sérieux de la légèreté.
Louable est l’intention de Cyprien Vial, qui fait surgir ici un thème si peu regardé : soit le fantôme du colonialisme hantant encore la manière dont le pouvoir administre les territoires ultramarins. Emprunt d’un didactisme un peu trop appuyé, Magma souffre aussi de reconduire ce qu’il dénonce (...).
D’une grande efficacité narrative, le film de Jiri Madl témoigne, à l’aide de personnages attachants, de l’engagement et de l’inventivité de ces professionnels des ondes qui ont su défier l’autorité du politique au nom de leur foi en la liberté d’informer.
Dans le village déserté par les hommes arrive Pietro, un déserteur originaire de Sicile qui s’est réfugié dans ces montagnes en attendant la paix. Sa romance avec Lucia, l’une des filles du maître d’école, sert de fil rouge au film, d’une immense douceur et d’une beauté de tous les plans, imaginés comme des tableaux.