Le film ne parvient pas à rendre compte de l’approche sensible de son héroïne, la renvoyant dans un systématisme simplifié, à la lutte contre les violences faites aux femmes. Cela dit, l’humour abrasif de la photoreportrice se distingue dans les scènes du triangle amoureux formé avec son mari, Roland Penrose, et son amant David E. Scherman.
En choisissant de filmer « du point de vue des œuvres », la caméra s’accroche de manière assoiffée au visage de son actrice, Charlotte Le Bon, impressionnante de justesse et qui livre à la caméra son visage traversé par une météo d’affects imprévisibles. De là, surgit une belle idée : si on ne peut pas filmer les œuvres, alors le visage d’une femme tiendra lieu de toile vierge.
Le tueur au visage blanchâtre et au petit chapeau représente une incarnation inédite de l’horreur. Remplaçant toute parole par des grimaces et des mimiques enfantines, il désarticule et réinvente la représentation du mal, désormais horrible parce que drôle, drôle parce que horrible.
La durée du film se cale sur les deux jours, de pur suspense, qui séparent Souleymane de cet entretien, dont la mise en scène ne nous prépare pas vraiment au poignant épilogue.
Comme dans tout bon vaudeville, les catastrophes s’accumulent, neutralisées par des miracles à la dernière minute (…) il aura distrait les amateurs de comédies estivales légèrement épicées et gentiment loufoques.
Le montage déstructuré qui brouille l’avant et l’après (on se repère néanmoins grâce aux différentes teintures que Rona applique à ses cheveux) n’empêche pas l’unidimensionnalité d’un personnage essentialisé par son trauma.
La barque thématique est bien chargée – isolement étudiant, angoisse sanitaire, rapport au pays natal, malédiction villageoise et statut des femmes –, trop sans doute pour s’engouffrer sans heurt par la lorgnette d’un seul appartement.
S’appuyant sur un phénomène historique réel, celui du suicide par procuration de femmes qui deviennent criminelles pour pouvoir être exécutées, pur produit d’une société rurale dominée par un catholicisme intransigeant et un matriarcat étouffant, le film décrit, avec minutie, dans un effort d’analyse historique rappelant le cinéma d’un René Allio, une lente descente aux enfers.
Tout le monde comprendra que le regard du drone vient figurer le concept de male gaze théorisé par la féministe américaine Laura Mulvey, selon lequel, l’histoire du cinéma ne serait que le récit d’un regard masculin (celui des personnages et de réalisateurs) exerçant son emprise sur le corps des femmes. C’est ainsi que le terrain de jeu plein de promesses finit, hélas, par se rétracter en dissertation.
En plaçant cette observation méticuleuse dans l’ombre du thriller – un plat de champignons empoisonnés servi en pleine dispute familiale – le cinéaste produit une image inédite et très juste de la vieillesse, sous-tendue par la question du désir…
Il faut ici saluer la grâce avec laquelle la réalisatrice filme la métropole comme un manège faussement enchanté. Le retour de Parvaty vers son village d’origine, dans la région côtière de Ratnagiri, est l’occasion d’une seconde partie plus solaire, et rêveuse, où les tempéraments des trois femmes s’affirmeront.
Avec sa tendresse et son amertume mêlées, son sens aigu de la caricature et la chaleur humaine, ses ruptures de ton, le jeu à la fois subtil et emporté de ses acteurs, la chronique a des airs de comédie italienne, de grand film populaire.
Dans ce deuxième volet bien barré des aventures du sociopathe écorché vif, le réalisateur Todd Phillips orchestre la rencontre explosive et musicale entre deux suppôts de l’enfer.
Le film intrigue d’abord par son archaïsme, cette manière de ne pas y aller de main morte dans le symbolisme de bric et de broc sur l’obsession tout américaine du foyer, sur la foi, sur l’enfance livrée à l’emprise maternelle. Mais la promesse d’un beau conte dépouillé et horrifique se fait vite rattraper par un scénario statique et inabouti, qui laisse le récit hagard, fonçant bientôt vers une conclusion courue d’avance.
Si Les Belles Créatures semble citer sagement ses références et s’avère assez prévisible dans ses conclusions (le tragique social, la brutalité comme racine et horizon), le film est traversé par des éclats d’ultraviolence cathartiques, presque réjouissants, qui finissent par sortir le récit de son programme tout tracé.
Ce mélo porté par quelques notes entêtantes au piano assume les codes d’un certain cinéma français, élégant, sculptant la rencontre, ajustant le rythme, élaguant les dialogues au plus juste, quitte à rester un peu trop dans le cadre. Mais le trio d’acteurs (tous magnifiques, et très justes) donne envie de s’intéresser à l’histoire, qui ne se contente pas de rejouer le désir de vivre dans le milieu homo.