Comment alors sceller ce pacte avec un film qui s’obstine à brasser une matière insignifiante ? Par la beauté des plans-séquences qui capturent ce temps résiduel, requalifiant l’ordinaire d’une valeur de mystère, d’imaginaire, de suspension – et il faut saluer ici les images en pellicule 16 millimètres du chef opérateur Frederico Lobo, vibrantes, imbibées de lumière naturelle.
Jack Black et Jason Momoa font le show en multipliant les blagues potaches second degré pendant que les personnages féminins en sont réduits à jouer les gentils faire-valoir, sans parler de Jennifer Coolidge, qui cabotine au milieu d’une intrigue parallèle aussi ridicule que bâclée.
Fidèle à un cahier des charges mêlant une suite de rebondissements et une bonne dose d’humour, ce film haut en couleur, qui devrait séduire les jeunes spectateurs, se nourrit des préoccupations environnementales, allant même jusqu’à dénoncer la stratégie de greenwashing de grandes multinationales.
Habile dans sa manière d’orchestrer une intrigue chorale et de faire scintiller le charisme de ses acteurs, le film souffre de quelques afféteries formelles (notamment son noir et blanc) et se fait finalement rattraper par son obligation de monter toujours plus en intensité, au risque d’une forme d’artificialité (...).
Entre road-movie et film d’archives, le film trouve une triste acuité dans son appréhension de la montée de courants autoritaires en Europe. Ironie du sort, c’est en Italie que l’extrême droite est aujourd’hui au pouvoir, ouvrant à la nécessité de cultiver cet esprit de résistance et de solidarité.
Si la forme permet de dresser un intéressant état des lieux du débat contemporain, le film est voué à s’en tenir à une suite de discours au détriment de l’action.
Au regard de ce débat jamais éteint entre la France et l’Algérie, comme en attestent les polémiques récentes, le choix de Jean-Claude Barny consiste à ménager au moins cinq lignes directrices (...) Pas une mince affaire.
Pour mettre en scène ces histoires très dures (un lycéen harcelé par un militaire, une employée de maison cachant un lourd secret, etc.), les auteurs de ce premier long-métrage travaillent l’épure, la suggestion, faisant appel à des comédiens non professionnels.
Rien ne se passe comme prévu, et c’est au fil des tours et détours dans le territoire, jusqu’au mur de séparation avec Haïfa, que se révèlent les empêchements et les rêves d’une société.
Entre onirisme et fantastique, le film tente beaucoup, ne réussit pas tout, mais on lui sait gré de l’énergie qu’il met à mythologiser ce petit pan de jeunesse polonaise. C’est lorsqu’il va au plus simple qu’il est le plus convaincant (...).
Le travail sur les genres, l’attrait du fantastique, la capacité à saisir l’instant présent, la confiance portée au charisme de son interprète principal, la façon dont l’image, sur lui, recharge ses batteries… Tout cela dévoile un désir de parcourir des territoires peu explorés du cinéma français.
Deux sœurs offre une nouvelle variation sur ce que le cinéma a toujours su filmer de plus fort : comment on s’aime si mal les uns les autres, combien on peut souffrir de ne pas être bien aimé. Une douleur qui, au meilleur, ici, déchire l’écran.
Le film sort accompagné d’un moyen-métrage, Un pincement au cœur, tourné à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), auprès de deux copines dont l’une s’apprête une fois de plus à déménager. Linda a décidé de ne plus s’attacher à personne. Les deux œuvres se répondent magnifiquement.
Allégorie gênée aux entournures, Belladone s’avère à peine crédible : l’ancrage futuriste en reste au vœu pieux du postulat, la fable vitaliste est dessinée à gros traits, la caméra semble égarée entre des scènes péniblement dialoguées, et la montée du désir – grand motif de la réalisatrice - prend trop souvent ici la forme d’une farandole inoffensive, faute d’incarnation.
Cette double rencontre, entre artistes d’abord, puis en dialogue avec un art millénaire, ouvre à de passionnantes questions esthétiques sur la trace que l’on laisse, le dialogue avec d’autres, la place de la narration. Dommage que, suivant simplement les artistes au jour le jour, à l’œuvre et dans leurs discussions, Rupestres ne trouve jamais tout à fait une forme à la hauteur de ce qu’il filme.
Si la fiction avance sur le terrain balisé de la dénonciation d’une injustice arbitraire, les images d’archives des dirigeants de l’époque, de George W. Bush à Dick Cheney, foulant au pied les bases élémentaires de l’Etat de droit pour assouvir leur vengeance font toujours aussi froid dans le dos.
Mis au service d’une cause qui ne souffre guère de doute, ce melting-pot filmique peine toutefois à dépasser le stade illustratif d’une dénonciation vertueuse.