Dans les rôles de Marine et Aurore, marsouins de retour d’Afghanistan, Soko et Ariane Labed font vibrer "Voir du pays" d’émotions douloureuses et vitales qui donnent à cette réflexion sur la violence militaire la texture d’une tragédie familière.
Ce polar paresseux ne propose pas grand-chose de plus que les éléments de son pitch opportuniste : la légende de Pablo Escobar, le folklore Scarface et le mythe contemporain de « Breaking Bad », que l’acteur Bryan Cranston réactive avec une déclinaison au rabais du personnage de Walter White.
Le cinéaste décrit, avec une sensualité trouble, la langueur existentielle d’un nomadisme figé en lui-même à force de ne se fixer nulle part. Mais son écriture laconique et altière fait souvent porter sa volonté de discours sur le dos des personnages.
Menée efficacement, la version 2016 de ce grand spectacle de cinéma n’est pas un chef-d’oeuvre, mais un divertissement léger tout à fait recommandable.
Il y a de la légèreté dans les apéros chips filmés comme à la dérobée, du drame dans les silences qui suivent et ponctuent les rencontres avec les institutionnels, le heurt entre l’anticonformisme de Millepied et l’immobilisme éléphantesque de l’institution – sans que le film, élégant jusqu’aux pointes, ne s’aventure jamais à appuyer l’un ou l’autre.
De "La Prisonnière du désert" à "No Country for Old Men", en passant par "Giant", le terreau est fertile, et le film de Mackenzie s’y épanouit, énergique, violent, sentimental, spectaculaire…
Malgré la trame ample et romanesque du récit, le souffle mélodramatique est comme étouffé par la mise en scène délibérément distanciée d’Ozon (...). Il faut attendre la fin du film (...) pour voir l’émotion percer. Dommage. "Frantz" aurait pu être un grand film.
Constituée d’une longue conversation entre ses personnages, cette hagiographie aseptisée embaume ces deux figures politiques, pour en faire d’impeccables parangons de bienséance.
Le couple est très sympathique, mais on en est à chercher encore l’intérêt du film, tant sur le plan du ci- néma que sur celui de l’expérience qu’il décrit.
Le duo que forment Pierre Deladonchamps et Gabriel Arcand évoque ceux qui ont fait certains films de Sautet. Philippe Lioret épuise cette ressource à force de conventions dramatiques, de timidité face aux ambiguïtés qu’offre la trame d’un scénario par ailleurs un peu trop malin.
Nathalie Loubeyre poursuit son travail documentaire engagé en partant rencontrer des migrants en route vers l’Europe. Si le montage parallèle opposant leur croisade à la traque policière déshumanisée donne au film une structure un peu répétitive, la sensibilité du regard de la réalisatrice confère à ces rencontres de l’ombre autant de relief que de pertinence.
Soutenu par l’ONG Virlanie, qui aide les enfants des rues aux Philippines, ce conte à la fois lumineux et amer manque un peu d’âpreté et de poussière, mais ni de vertus pédagogiques ni de poésie.
"Divines" (puisque c’est son nom céleste qui a été préféré) est un film contradictoire, qui part, très vite, très loin, dans des directions parfaitement incompatibles.
Ce film posthume de Pascal Chaumeil est une comédie d’un joli noir, qui pousse gaiement dans leurs retranchements les insolubles contradictions nées de la disparition de l’industrie dans des régions entières du Vieux Monde.
On reconnaît un grand film à sa capacité de porter à un haut degré de fusion plusieurs caractéristiques essentielles et contradictoires du cinéma : rendre les idées sensibles et filmer des corps en mouvement, produire de la pensée et capter le réel visible. Le nouvel ouvrage de Bertrand Bonello parvient à réaliser cette délicate alchimie.
Le film narre les aventures d’un agent de la CIA en délicatesse avec l’Agence qui recrute comme partenaire un ancien condisciple de lycée devenu comptable. Cet argument de facture improbable, sommet du film en matière d’humour, donne lieu à un incompressible nanar.