Paul, c’est le beau mirage du film, mais qui cache un personnage qui manque cruellement à l’appel : où est l’homme, bête et méchant, pas déconstruit pour un sou, hétéro, beauf, voire violent ? Pour rendre convaincante la peinture des outrances militantes, il aurait fallu qu’en face existent la bêtise et la violence des hommes.
Avec sa réalisation extrêmement stylisée, son travail poussé sur les couleurs et la lumière, notamment dans les scènes d’intérieur, sa quête d’un certain onirisme, Charlène Favier tente de rendre compte des états d’âme troubles de son héroïne jusqu’à son évaporation.
Ce quotidien que le film observe patiemment est à peine interrompu par les visites impromptues des deux fils, sorte de vautours venus de la ville et qui s’impatientent de pouvoir mettre la main sur leur héritage.
En sortant des cadres habituels, Kostis Charamountanis met en lumière de manière ludique et sur une note douce-amère un cheminement possible vers l’émancipation, loin de l’éprouvant carcan des pères.
Ce film profondément politique, soigneusement réglé, capte le moment de bascule dans une forme de capitalisme rural : découpage du territoire, rationalisation du travail, diminution de la main-d’œuvre.
Fabio Grassadonia et Antonio Piazza apportent avec ce nouveau long-métrage une sombre conclusion à leur trilogie consacrée à la mafia de l’île dont ils sont originaires. A voir.
Jean-Baptiste Alazard n’élit pas de personnages à proprement parler – ce qui n’empêche pas au fil des scènes certains visages récurrents de nous devenir familiers. Il cherche plutôt à contruire un sujet collectif par le montage papillonnant qui collectionne les instantanés. Rebondissant ainsi parmi les participants, leurs gestes, leurs élans, il donne une image vivante du peuple.
Aux corps contraints, aux gentilles filles dociles à qui l’on propose de sourire sagement devant l’objectif, Saule Bliuvaite préfère la danse, la tendresse, l’exultation, le feu, le rêve, la prise de risque, l’impolitesse, la déviance. Souhaitons-lui de garder longtemps, malgré la reconnaissance, ce goût de l’irrévérence.
The Amateur passe son temps à tricher et succombe aux travers de tous ces films qui dotent paresseusement, lorsque les besoins du scénario s’en font sentir, le héros de qualités qu’il ne devrait pas posséder. Charles Heller n’est un amateur qu’à temps partiel, retrouvant, par moments, l’invulnérabilité banale du surhomme d’une fiction hollywoodienne sans esprit.
Le film se satisfait jusqu’au bout d’une formule aussi indigente, celle du feel-good movie mâtiné de grande histoire, sans jamais lui adjoindre un supplément d’âme, un léger pas de côté, ou ne serait-ce que le bonheur d’un duo d’acteurs : Lena Dunham comme Stephen Fry ont l’air tout aussi embêtés que nous.
Au cœur d’un univers pop coloré où l’espace se réduit à celui d’une grande ville et à ses quelques personnages archétypaux, d’une journaliste au chef de la police, Dog Man apporte son lot de rebondissements autour d’un chat méchant vite débordé par le clone qu’il a créé. Dommage seulement que l’esprit très enfantin du film, à réserver aux jeunes spectateurs, manque d’un peu de mordant.
De rencontre en rencontre, la vie et la littérature se confondent peu à peu sans que l’on sache bien lequel est véritablement le moteur de l’autre. Avant qu’à la faveur d’attachements particuliers, Sebastian finisse par emprunter un chemin un peu plus vaporeux.
Le résultat relève de la catégorie compliquée de l’animation « à message ». Le trait de cartoonist de Blechman, souvent trop sage, peine à suivre l’expressivité de Stravinsky, hormis lors de brefs élans abstraits. Il illustre davantage le livret de Ramuz qu’il ne le transcende.
Tout cela serait bel et bon si la cinéaste ne puisait de manière aussi décomplexée et candide ses références dans la comédie sentimentale débitée au kilomètre par l’usine hollywoodienne avant qu’elle ne se convertisse au super-héroïsme. Le film court ainsi le risque de l’inauthenticité, du démarquage et de la mièvrerie.
Ce film tendu aux personnages dessinés à grands traits vaut beaucoup pour sa peinture d’une société guadeloupéenne gangrenée par cette violence rampante qui se nourrit des conditions de vie détériorées auxquelles sont réduits les habitants de l’archipel des Caraïbes.
Habilement mené, volontairement dérangeant, ce thriller diabolique quelque peu outrancier aurait toutefois gagné à jouer, lui aussi, davantage de cet art du contre-pied que maîtrise si bien son interprète.
Le film, remarquablement pensé et ouvragé, dit combien la déshumanisation du monde s’est glissée dans les rues, dans les foyers, jusque dans les berceaux. Si l’intrigue est inspirée de faits réels, c’est sa part métaphorique, figurée par le visage ébahi et presque fantomatique de Karoline, qui donne le « la ».
Une question de regard, d’écoute, de bienveillance, de douceur. Et la manière qu’a trouvée la réalisatrice Baya Kasmi pour rendre justice à ceux qui, trop tôt, ont dû subir l’âpreté de l’existence.
Avec sa mise en scène élégante, ce Village aux portes du paradis ne verse jamais dans le misérabilisme. S’il pâtit quelque peu de sa longueur et de sa langueur, le film n’enferme jamais les personnages, interprétés en grande partie par des acteurs non professionnels, dans une vision surplombante qui les condamnerait d’avance, ni ne joue la facilité d’une résolution factice.