Marqué par une esthétique soignée, le film dessine deux modes de vie – grand froid et grand soleil, horizons lointains et petit appartement, travail et désœuvrement – et, surtout, deux solitudes qui, malgré l’amour mutuel, semblent toujours vouloir fuir quelque chose.
On passe du dedans au dehors, du familier à l’inconnu. Jamais totalement noir ni désespéré, Nezouh peut séduire un jeune public avec ses deux héros adolescents, Zeina et Amer, et le personnage de la mère qui s’ouvre à l’aventure, avec son baluchon, sans trop savoir où aller.
Ce masque, bien sûr, c’est aussi celui de son pseudonyme, derrière lequel le film va s’appliquer à reconstruire le vrai visage du musicien. On n’oubliera pas pour autant l’horrible plaie dévorant l’homme de l’intérieur, pour n’y laisser que le trou béant de l’anonymat.
Porté par un casting faramineux comprenant notamment Jason Schwartzman, Scarlett Johansson et Tom Hanks, le long-métrage de Wes Anderson, burlesque et rêveur, évoque le monde du théâtre, la question de l’acteur et de l’incarnation.
Stylisation des lumières, grandes étendues, déambulations de podium tuent à petit feu le sel de l’amour fou pour former le cadre idéal d’une publicité pour papier glacé.
The Flash atteste ce faisant que les nouveaux patrons de DC Studios, James Gunn et Peter Safran, surenchérissent jusqu’à l’absurde sur le grigri narratif du « multivers » développé par Marvel, qui n’est rien d’autre que l’enfumage conceptuel du moment, destiné à nimber d’une pseudo-complexité le grand ressort manichéen de la machinerie super-héroïque.
Première réalisation commune de Jeanne Aslan et Paul Saintillan, qui s’inspire en partie des souvenirs d’enfance de la réalisatrice, Fifi cisèle l’échappée belle de leur petite squatteuse de façon à montrer son éveil, aussi obstiné que délicat, au silence, aux livres et aux films trouvés à sa nouvelle adresse.
L’observation distante confère d’emblée au drame une certaine élégance formelle, mais il arrive au cinéaste d’avoir la main lourde dès qu’il s’agit de porter des coups de griffe à sa tapisserie.
L’intéressant est que le long-métrage – remarquable par l’émotion et la tendresse qu’il parvient à conférer à une histoire aussi abracadabrante – procède lui-même d’une mise en abyme intime qui éclaire, sans doute, cette profondeur sentimentale.
Rise of the Beasts opère plusieurs mues : la première est d’ouvrir son casting aux minorités visibles, la seconde de se doter d’une nouvelle gamme de robots, les Maximals, introduits comme protecteurs de la nature. Ces précautions morales n’enlèvent rien à la vraie nature du spectacle : l’hypertrophie conquérante de colosses de titane qui détruisent tout sur leur passage.
Sur le terrain de la forme biopic, rien de très nouveau ne se joue ici, et c’est bien le problème de l’exercice. La vie de la sportive se voit passée à la moulinette de l’exemplarité qui suppose toujours qu’aucune aspérité ne subsiste.
Le falsificateur retrouvé, le film s’infléchit vers des questions plus politiques liées à l’héritage colonial de l’Afrique. Il est à craindre que l’intérêt du spectateur se soit dissous avant d’atteindre ce point.
Ce portrait pudique montre la force d’une attache filiale qui revient au galop malgré les disparitions soudaines du fils et le regard des autres sur celui qu’on appelle « petit Samedi » (Samedi est son nom de famille).
Non dépourvu d’humour, agrémenté de séquences musicales, le film n’en demeure pas moins attaché, tout du long, à une esthétique dont la dureté, l’âpreté – aplats de couleurs mates et sombres, traits affirmés, décors artisanaux sculptés dans du papier mâché – tiennent en respect la moindre tentative de séduction.
Dans des plans d’une troublante plasticité, la cinéaste brésilienne filme la liberté d’une femme qui se réapproprie des fantasmes masculins en les rejouant selon ses propres règles. Jamais rien vu de tel au cinéma.