Timpi Tampa, que l’on pourrait traduire par « Ni noir ni blanc », dénonce deux conséquences tout aussi pernicieuses de ces diktats de beauté : le développement de cancers de la peau et la dévalorisation de l’estime de soi. Avec un goût assumé de la satire qui ne fait pas fi d’une certaine complexité, Adama Bineta Sow égratigne avec légèreté les injonctions qui pèsent sur les femmes.
Le premier long-métrage de Iair Said, dans lequel il interprète le rôle principal, n’en tiendra pas toutes les promesses. La faute à la posture un peu lassante de la désaffection dépressive qui caractérise le personnage, confronté aux trépidations d’une judéité qui, à l’instar de sa mère, ne se laisse jamais oublier et aux tentatives sexuelles, toutes infructueuses, de se consoler de sa perte amoureuse.
D’une facture classique, le film n’en est pas moins un portrait sensible de la manière dont la pratique d’un sport, qui plus est risqué (cela pourrait tout aussi bien être la boxe ou encore le MMA), vient intensifier la vie, si ce n’est combler les manquements du réel.
La morale qui guide les musiciens a certainement nourri tous ceux qui ont participé à la fabrication de cette comédie prête à gommer ses aspérités pour trouver une joyeuse communion dans le faire-ensemble.
Dans ce récit à trous, Hind Meddeb réussit à trouver une narration au montage, par le biais d’une voix off (la sienne, en arabe) s’adressant à deux jeunes femmes soudanaises avec lesquelles elle a cheminé durant ces quatre ans, Shajane et Maha. Jusqu’à ce que ces dernières quittent le pays, comme tant d’autres.
La performance froide de Vicky Krieps fait de l’opacité l’emblème de sa liberté. On irait même jusqu’à dire que Bachmann, incarnée comme à distance, a presque quelque chose de mal aimable dans son étincelant égoïsme.
L’affaire tétanisa la Tunisie. De ce dernier degré de l’infamie, que peut bien faire – sinon un film d’horreur, et encore – le cinéma ? Des œuvres réalisées jusqu’à présent sur ce type d’agissements, celle de Lotfi Achour est la plus convaincante, la plus sensible, la plus belle.
Les aléas extrêmes vers lesquels nous emporte le film sont accompagnés – au son du sublime et mélancolique Prélude op. 28 n° 4 en mi mineur, de Frédéric Chopin – de la lente et discrète déréalisation du monde vécue par un enfant qui n’aura jamais réussi qu’à fantasmer sa maturité. A ne pas manquer.
Comme Baumard ne sait pas exactement comment filmer ça, il s’en remet à ce qu’il a vu : des contrastes caricaturaux, qui opposent le gentil expert dépassé au voyou en manteau léopard. Il adopte une sorte de surplomb de moraliste qui observe l’hubris de ces personnages, tente la peinture de vanité – façon Mélodie en sous-sol.
Ces considérations n’empêchent pas, hélas, ce récit de baigner dans une macération si constante qu’il finit par en oublier la nécessité de la dramaturgie et par en éteindre l’intérêt.
Le film vaut avant tout par le portrait tendre qu’il dresse de la classe moyenne américaine. Mais à voir dans le théâtre une sorte de régulateur universel, il cède trop facilement à l’angélisme, aux facilités psychologiques, et vire au conte de fées social.
Composés uniquement de scènes souvent touchantes, saisies comme en immersion dans ce microcosme un peu foutraque, Les Esprits libres explore le jeu trouble entre la réalité et la fiction induit par la mémoire défaillante et les effets de la pratique artistique sur la santé mentale.
C’est la bonne idée de cet opus Marvel. L’ennemi ici est moins à chercher à l’extérieur qu’à l’intérieur de chacun. Dans l’adversité naît un groupe improvisé de bras cassés, les « Thunderbolts ». Aucun ne correspond à l’image que l’on se fait du héros modèle révélant des failles très humaines.
Avec ses lents mouvements de caméra, sa nostalgie pour l’esthétique des années 1950, que l’on retrouve aussi bien dans l’élégance des vêtements, les chansons ou les décors, et ses éclairages soignés, Les Indomptés baigne formellement dans un beau classicisme corseté, qui étouffe quelque peu les aspérités de ses personnages.
Caméra à l’épaule, dans un style brut et réaliste qui saisit chacune des situations comme sur le vif à coups de panoramiques et de zooms, Bogdan Muresanu filme au présent un monde finissant.
Porté par un beau trio d’acteurs, ce road-movie drôle et touchant, remake librement adapté du film Hasta la vista (2012), de Geoffrey Enthoven, traite de la question du handicap avec légèreté et sérieux. Maël Piriou a l’élégance de ne jamais s’appuyer sur le comique de répétition.