La Machine à écrire et autres sources de tracas se découvre enfin aujourd’hui, clôture légère et bricoleuse de la trilogie, filmée en ville, au domicile de quelques patients.
Le film semble alors naviguer à vue, disséminant ses symboles sans qu’on sache très bien ce qu’ils viennent symboliser. Ou, à l’inverse, on le devine trop bien : le film figure une ode à la liberté, loin des déterminismes de la vie en société, mais qui s’exécute dans un jeu d’oppositions naïf et trop lâche pour attraper le réel qu’il est censé représenter.
Ce film étrange, figé dans une glu malsaine, montre moins la violence qu’il ne suggère sa constante menace. Il aurait ainsi pour vertu de faire ressentir l’angoisse et l’impuissance séculaires dans lesquelles ont vécu les juifs sous l’empire de la chrétienté. En contrepoint, et l’on ne sait trop s’il convient de le lui reprocher ou de l’en féliciter, sa dramaturgie figée distille un sentiment d’accablement dont on peine à se remettre.
La démarche pourrait apparaître louable si cette modernité du personnage ne venait se heurter à l’académisme des décors, des costumes et de la mise en scène, créant ainsi une discordance quelque peu anachronique, et embarrassante.
Alors que les premiers volets étaient des films d’adultes qui plaisantaient comme des enfants, S.O.S Fantômes La menace de glace a rajeuni la grande majorité du casting pour prendre le virage un peu plus sérieux de l’écoanxiété des milléniaux, ce qui sied moins à la série B et aux Mini-Pufts. Il n’en reste pas moins qu’on succombe à la jolie histoire d’amitié amoureuse entre une jeune fille et une fantôme.
Destiné aux enfants, ce film d’animation n’hésite pas à faire feu de tout bois, au risque parfois de nuire à l’unité du propos et à la dimension politique du récit (menace climatique, union des plus faibles contre les tyrans, l’art comme remède à la barbarie) souhaité par les auteurs.
La cinéaste laisse du temps aux personnages pour se révéler, prendre conscience des actes, et du sol qui se dérobe sous leurs pieds. A trop vouloir en dire, le film devient alors scolaire.
Un corps flottant sous le ciré jaune, une plaque de bateau échouée dans les rochers que l’héroïne récupère pour en faire sa déco. Bienvenue dans le joli cottage où viennent chanter, sous les fenêtres, sept jeunes silhouettes habillées de blanc. Comme des fleurs ?
Certes, il n’est pas anodin que la situation de l’hôpital public soit ici ramenée aux seules dimensions d’un personnage sacrificiel, comme si la seule réponse à la crise de l’institution consistait en un dévouement sans borne, une résolution à ne pas compter ses heures. Cependant, Lifshitz regarde son personnage à un autre niveau.
La Malédiction. L’origine subvertit les règles et l’idéologie d’un cinéma d’horreur souvent engourdi par sa vision conformiste de la société et par ses mécanismes trop éprouvés.
Les quelques humains du film ne dépassent pas le stade du cliché sentimental ou comique, et l’on devine que l’ensemble est conçu pour un jeune, voire très jeune, public.
Du pur vaudeville, filmé avec fluidité (grâce à deux caméras à l’épaule), interprété de la même manière par des acteurs parfaitement rompus à l’exercice.
A son meilleur, le film saisit dans un vacillement nocturne le visage hâve et décavé de la ville comme surpris dans le reflet des gyrophares. Au pire, il se laisse aller à un symbolisme doloriste qui pèse des tonnes. A l’arrivée, on reste quand même au ras des pâquerettes, entre deux gerbes de sang et d’autres détritus.
Le film aurait pu avoir le charme du vieux standard qu’on connaît par cœur si Ethan Coen ne s’obligeait pas à donner des gages à un éventuel public féminin et féministe qui le jugerait sévèrement. Entre la nymphomanie et la pruderie excessive, il y a, chez Ethan Coen, comme une impossibilité à produire une image juste des femmes.
Si le mélo vient se mêler de l’affaire pour l’incliner sur la douce pente de l’altruisme, il n’en reste pas moins que la charité est vue comme le dommage collatéral d’un coup de cœur. Un renouveau.
Près de cinquante ans plus tard, Andrés Peyrot se rend dans le village d’Ustupu, où le souvenir de cette visite reste vivace. Son documentaire contourne l’écueil qui s’offrait à lui : la critique, à cinquante ans de distance, du geste de Gaisseau serait chose trop aisée.
Deux univers très opposés partagent le premier long-métrage du réalisateur turc Nehir Tuna, 38 ans, dont la composition des plans est d’une beauté envoûtante.