Tourné avec des moyens que l’on devine insuffisants, "Fanon" n’est sans doute pas le plus grand film du monde. Mais c’est d’abord un film nécessaire, car la figure de Fanon demeure encore méconnue alors que son apport intellectuel est considérable à la pensée sur la colonisation.
En renvoyant systématiquement l’horreur dans le hors-champ, le film se concentre pour l’essentiel sur la douleur de celles et ceux qui restent, qui survivent, et qui continuent de se battre en silence au quotidien pour leur dignité.
Avec l’intransigeance d’une réponse écologique urgente et l’antifascisme cousu sur le cœur de ces jeunes, le documentaire fait naître un espoir d’une grande force réparatrice.
"Deux Sœurs" réussit au moins une chose assez bouleversante, c’est d’opérer ce glissement, entre le bruit et le silence, entre le trop-plein et le trop vide.
En prenant le temps de regarder ses personnages, le film va à rebours complet de l’idée de célérité qui les maintient le nez dans le guidon : tenir la cadence, parler sans cesse de leur rapidité d’exécution, éviter le temps perdu qu’il faudra rattraper tôt ou tard, quitte à y laisser sa santé.
Pour parfaire ce dispositif fort, le film réactualise par le chant les luttes passées. “¡No pasarán!”, ce slogan révolutionnaire issu de la guerre civile espagnole, comme un ultime cri de résistance.
Le résultat est à la mesure de la genèse du projet : ludique et naïf. Mais c’est aussi sa limite. De ce voyage en terre finlandaise, on retiendra davantage le geste performatif (virtuose) d’un faiseur d’images plutôt que l’expression des visages de celles et ceux qui le composent.
Deux films éloignés qui n’arrivent pas aisément à communiquer, et dont la coexistence fait l’effet d’une sorte de question forcée, d’une injonction un peu lourde à créer du sens au milieu du fossé [...].
Parfois très élégant [...], parfois trivial [...], ce film très traditionnel, presque académique dans sa facture, se laisse regarder avec curiosité, plaisir et amusement, comme un bon vieux film de cape et d’épée.
Reste qu’Aimer perdre échappe à la tentation du second degré par une sincérité absolue à l’endroit de son humour [...] et son souci réel de capter à vif une certaine vie moderne, qui évoque beaucoup les premiers films des frères Safdie, sous une forme plus salissante.
Serra filme un monde parallèle, hors du nôtre, hallucinant et pourtant bien réel, où le torero au regard fou sadise le taureau, où chaque membre de la cuadrilla est complètement accro à la testostérone et à l’adrénaline, voire à la cruauté, où chacun semble vivre dans un état second.
Le scénario, pourtant simple, peine à trouver son rythme à l’écran, et perd trop de temps à faire comprendre son concept à ses personnages plutôt qu’à explorer les quiproquos qu’il engendre ou l’univers qu’il dévoile.
Un film plutôt sympathique, mais qui semble laisser de côté les spectateur·ices qui n’auraient jamais entendu parler de l’auteur du livre qui l’a inspiré.
C’est toute la troublante ambiguïté de la jungle que parvient à enregistrer la mise en scène de Santiago Lozano Álvarez. Aussi bien poumon précieux et dernier bouclier de l’écosystème terrestre qu’immense cimetière à ciel ouvert.
Entre le film catastrophe à tendance minimaliste et une inspiration plus ésotérique, "Magma" ne choisit jamais vraiment et peine à trouver le liant entre sa forme et son fond.
"L’Échappée Belle" se fait statique mais pas inerte tant il est traversé par une stimulation (intellectuelle, ludique…) hautement active. La force poétique et politique du film réside dans l’observation sensible mais aussi fantasque (une théâtralité naïve et revendiquée irrigue tout) de ce temps long.
Un prodige de l’incarnation, une sorte de mystique de l’événement réel et de la vie enregistrée, vérité simple que le documentaire de Thierry Frémaux rappelle en deux heures cinglantes et précieuses.
Tout en suggestion, "La Cache" compte sur la complicité des spectateur·rices et réussit à nous faire sourire tout en nous perçant le cœur au détour d’un plan. Un très beau film.