Que manque-t-il, à ce très bon film, pour être immense ? Peut-être un peu de mystère. "Elefante blanco" est stylistiquement carré, politiquement nuancé, mais sans surprise.
Réalisé dans une optique spectaculaire par un cinéaste de fiction, [le film] aurait pu se passer de certains effets (...). Mais au-delà de son désir de spectacle, le film fait son boulot et fourmille (ou bourdonne) d'informations passionnantes sur l'apiculture.
La (...) grande qualité du film, c'est son travail visuel : images aux tonalités grises, verdâtres, décors sans lustre, qui confèrent peu à peu au récit une sorte d'abstraction existentielle. On aimerait voir plus de films français "moyens" aussi subtils.
Les moins, c'est le style clinique, l'image synthétique. Trop aseptisés. Les plus, c'est le jeu des protagonistes et surtout leurs dialogues percutants, dans le style racaille/fun qui fleurit dans les cités.
[Reprise] Les Coen vivifient la reconstitution avec leur énergie et leur mauvais esprit habituels (répliques claquantes, humour noir, absurdité, beau casting de crapules avec une mention pour John Turturro) et troussent le meilleur film US qui soit avec des chapeaux de gangster.
Le point fort ici est la facture funèbre où, en bon embaumeur, John Moore plonge ce "Die Hard" dans un climat bleu-gris de film d'horreur. (...) Un peu las mais allumé quand il faut, Willis y est idéalement fantomatique.
L'infernal processus d'inversion de tout devient ici essentiellement un principe de jouissance. (...) De Palma renoue avec sa veine la plus libre et la plus fantasque. (...) Rien de plus exultant au cinéma en ce début d'année que de voir avec quelle voracité inentamée De Palma orchestre cette guerre du regard.
Hooper rétrécit vite le champ sur ses interprètes, filmés en gros plan comme au télé-crochet. Avec une caméra inutilement brinquebalante, c'est l'unique choix de mise en scène. (...) Musicalement, les épreuves pathétiques de Valjean, Fantine, Cosette et cie sont lyophilisées en variétoche braillée-parlée.
C'est très beau, Angelopoulos maîtrisant toujours aussi bien son cinéma, les mouvements de foule comme les scènes plus intimes (...). Des images, des plans, des scènes d'une puissance émotionnelle dont on a du mal à saisir la raison pour laquelle ils nous bouleversent autant.
Un genre qu'on croyait mort : le film MTV. Style clip, tournage à l'épaule, générique écrit à la main, musique folkeuse et voix off à gogo. (...) Du cinéma raplapla à force de vouloir faire cool et naturel.
On note en particulier une volonté démagogique de concilier les extrêmes. (...) Autant de leurres supposés donner le change, pallier la pauvreté de ce film aussi faux qu'anodin, qui n'est au fond qu'une bluette familiale.
La beauté du film (...) surgit au détour de chacun de ses plans minimalistes. (...) Au-delà de son aspect illustratif et documentaire très réussi, le film construit une microsaga familiale pleine de finesse et d'émotions retenues. Un cinéaste à suivre absolument.
L'échec de "Flight" est déjà tout entier contenu dans sa première scène. (...) Il y avait là un grand film à réaliser sur l'héroïsme défaillant. Malheureusement "Flight" se transforme, pendant les deux heures suivantes (...), en pensum moralisateur sur l'alcoolisme et la rédemption .
Le propos de Brandon Cronenberg est moral et cinématographique. (...) Il pousse son projet vers l'abstraction, et vers une mise en scène étrange et envoûtante (...), où le but affiché semble être purement graphique : filmer du rouge (le sang) sur du blanc (de laboratoire).
Tout à sa reconstitution fastidieuse, l'ancien publicitaire enchaîne les scènes en pilotage automatique, sans chercher à apporter ne serait-ce qu'une seule idée neuve au catalogue de poncifs qui lui sert de scénario. (...) Pas une idée de mise en scène ne vient ainsi rehausser un récit particulièrement faiblard.
On se plaint trop de l'immobilisme de la comédie française (...), pour ne pas célébrer le cinéma bordélique de Brigitte Roüan. Au terme de ce délire exaltant, Brigitte Roüan aura (...) réussi une opération (...) : injecter un peu de fantasme et de tumulte dans le paysage normé de la comédie française.
Au-delà de la fable écolo évidente, (...) c'est avant tout par sa manière très délicate et enveloppante de filmer (...) que le cinéaste sri-lankais s'affirme, avec une grâce atmosphérique. Jayasundara parvient (...) à illustrer proprement son sujet et à le transcender.
Il y a une bonne scène dans ce biopic à oscar, (...) le reste est un peu n'importe quoi et bourré de clichés, à la fois sur les affres des "créateurs", sur la vie de couple et sur Hitchcock lui-même. (...) On est toujours content de voir Scarlett Johansson (...) et puis c'est tout.