La mise en scène, virtuose, enserre tous les personnages dans des cadres étouffants et " sursignifiants ". On étouffe avec eux, d'autant que les jeux de regards, les frottements, les effleurements et les sous-entendus sensuels paraissent circuler en vase clos en nous anesthésiant sur place.
Le réalisateur d'Une liaison pornographique peaufine un style fait de suggestion et de silences, de paroles troubles laissant la place à l'hésitation entre le fantasme et la vérité... Entre ses deux héroïnes, subissant un peu trop le poids du formalisme forcé de la mise en scène, se détache le mari, interprété par Clovis Cornillac, qu'on ne cesse de trouver formidable de film en film.
C'est à travers l'histoire de deux jeunes gens que le cinéaste rend compte du sentiment de perdition des nouvelles générations. Sentiment de ne pas avoir de place dans cette société-là. Entre mélo social et portrait néoréaliste, le film raconte avec pudeur leur vie quotidienne, l'envie et la difficulté à se " tenir debout ".
Yvan Attal est toujours aussi amoureux de Charlotte Gainsbourg, apparemment, mais beaucoup moins inspiré, question cinéma, que pour leur séduisant premier essai, Ma femme est une actrice. (...)chic et sans saveur.
Son nouveau film est le plus accompli. Toujours pas tiré au cordeau, mais, bien mieux, porté par la fougue et l'élan de retrouvailles avec l'Algérie de son enfance. C'est la passion du cinéma, et de la vie, qui a été ainsi récompensée au dernier Festival de Cannes (grand prix de la mise en scène).
Maggie Cheung, l'héroïne de In the Mood for Love, incarne avec une intensité exceptionnelle cette Emily qui redécouvre la vie quotidienne en abandonnant la transcendance des drogues et de la musique. Un retour brutal sur la terre qui trouve un étonnant contrepoint : Nick Nolte, en apparition magnifique, grand-père touché par les efforts désespérés d'une mère, pour l'amour de son fils.
Bien dans l'esprit méchant et noir de Fassbinder, Ozon offre une vision du couple infernale mais avec une sensualité qui n'appartient qu'à lui. Les acteurs sont tous magnifiques, et magnifiés par une mise en scène qui joue avec leurs corps en faisant de la beauté, même kitsch, même meurtrie, le dernier rempart contre l'agressivité de la vie.
Le réalisateur (...) nous fait ainsi partager cette découverte d'un " continent " à la beauté imposante, avant de nous plonger au coeur des contradictions de ses deux personnages (...). En filigrane, se dessine un film politique qui pose les problèmes, d'abord, à un niveau humain et intime, mais ne renonce jamais à être un film d'aventures - soit un véritable voyage dans tous les sens du terme.
Patricio Guzman dessine en filigrane le portrait d'un autre Chili, plein de solidarités, d'espoir et d'aspiration au bonheur. Avec ce double regret : être passé à deux doigts du rêve ; et savoir qu'il ne reviendra jamais.Patricio Guzman rend ici à Salvador Allende sa gloire et son charisme.
Nick Cassavetes, le fils de..., signe une énorme romance, renversant tout le flacon d'eau de rose sur son énorme mélo. Nick Cassavetes ne recule, à vrai dire, devant aucun sacrifice - paysages de rêve, oies blanches, jolis visages, volets bleus - pour tenter de redonner à l'Amérique la paix, le calme et la volupté qu'elle a perdus. Et au fond de la salle, on en entend déjà qui s'embrassent...
La mort dans la peau réussit ce que manquent souvent les suites : aller plus loin. Mais Jason Bourne ne serait rien sans un adversaire à sa taille. Ici, c'est une femme. (...) L'actrice, c'est Joan Allen. Une pro des seconds rôles. Ici, elle éclate. Leur duel à distance pousse le récit dans ses retranchements.
Le récit hésite un peu : comédie sur les faux-semblants ou chronique amusée des affres amoureuses d'un homme tenté par deux femmes. Le ton est en constant décalage, multipliant les commentaires du héros sur ce qu'il lui arrive, les clins d'oeil, les apartés. Le réalisateur semble tenir à son héros et à son humanité. Ça nous plaît, mais ça coince. Parce qu'Edouard Baer, lui, reste dans la distanciation supposée comique de son personnage.
Le plus horrible est le traitement que le réalisateur inflige à son scénario (et au spectateur) : effets prévisibles, effroi au rabais, étrangeté épinglée sur le front de l'acteur... Ed Wood, dors tranquille, la relève est assurée.
Là où Spiderman réussit à nous faire croire à l'humanité de son super héros, Catwoman, chorégraphiée ici par un spécialiste des effets spéciaux, reste une héroïne glacée comme le papier dont elle est issue et tout juste bonne à hanter les Game Boy et les ordinateurs portables.
Marlène Dietrich joue l'ange, et Lubitsch son malicieux démon, multipliant les allusions et les sous-entendus. Un film sur le plaisir...du jeu, de l'amour, du pouvoir...en passant par le mensoge. Un chef d'oeuvre.