Historias mínimas ne repeint pas le monde en rose, mais évite tout cynisme. Il se dégage de ce portrait collectif du bout du monde une chaleureuse envie de mieux connaître les hommes, à défaut de toujours savoir les aimer.
Si vous ne vous effondrez pas en sanglots après cette apothéose, c'est que vous êtes trop sensible aux détails - mais certains "tuent", comme on le sait, et comme l'indiquent Villeret et Dussollier qui jouent sans complexes les mêmes personnages à quinze ou vingt ans d'écart, une moumoute, un peu de maquillage et un éclairage approprié voulant donner le change ! Ce qui amoindrit considérablement la portée du récit en allégeant le poids du temps. Enfin, nul besoin d'être plus proustien que Marcel, a dû se dire, plein de bon sens, Jean Becker dont on se demande quand même si ce n'est pas son goût du travail bien fait qui lui joue des tours.
Tout ça, pour ça ? Mais l'aventure est assez intrigante et palpitante pour repérer en Vincenzo Natali un jeune réalisateur dont l'envergure pourrait très vite se révéler immense. Petit surdoué qui cherche à allier plaisir forain et vertiges métaphysiques : de quoi devenir bientôt un grand cinéaste populaire ?
Quelle est la part de vérité de ce documentariste habile à mettre en scène - et dont le seul véritable héros est finalement lui-même, quelque part entre Michael Moore (sans la générosité) et Pierre Carles (sans l'idéologie), attentif à mettre en avant son courage, son humour, son habileté à faire parler les gens et à leur soutirer des informations exclusives... Vite, une contre-expertise !
Sokourov explore le cinéma à la façon d'un artiste contemporain cherchant dans le matériau le sens même de l'oeuvre. Ce plan unique, exaspérant et fascinant à la fois, provoque ainsi le spectateur, l'obligeant à se laisser gagner par une poésie à laquelle sa propre rêverie devra beaucoup, ou l'amenant à se poser, inquiet, les mêmes questions que le "réalisateur-caméra" au tout début du film : "Où suis-je ? Qui sont ces gens ?"...
On aura compris qu'Adaptation s'adresse à tous les spectateurs qui aiment fureter, se perdre et chercher (même l'introuvable !) en compagnie de quelques plaisantins (sincèrement angoissés, quand même).
Le film fait un drôle de mélange entre plaisir et douleur, entre grotesque et pathétique, et finit par imposer un ton insolite... où même le romantisme le plus fleur bleue trouve sa place !
Le film a trouvé ainsi sa propre architecture, et respecte ce système de couloirs secrets et de portes invisibles qui font que Nicole Kidman, Julianne Moore et Meryl Streep ne sont pas trois femmes différentes qui possèdent des points communs, mais trois incarnations d'un même sentiment de la vie : cet instant où l'on perd pied et où, remis d'aplomb sans savoir comment, on s'émerveille d'un instant banal.
Cette réalité sociale, le réalisateur l'aborde avec une simplicité courageuse : les évènements ne sont pas suivis depuis le camp des opprimés, ni depuis celui des associations qui peuvent leur venir en aide... mais depuis la camionnette de la mairie chargée de l'exécution du "nettoyage".
En moins d'une heure, Natacha Samuel arrive à évoquer une guerre et une situation atroce, déjà très commentées, en nous forçant à avoir un regard nouveau.
Depuis, Aoyama avait déconcerté avec Desert Moon. C'est encore le cas avec La Forêt sans nom, qui évoque en brouillon et dans un style série B le Charisma de Kiyoshi Kurosawa. Au moins le film apparaît-il comme un petit exercice de style sans prétention.
Daredevil est un catalogue de clichés. Rien n'y échappe. Ni l'histoire (dont on devine le déroulement de A à Z), ni les scènes d'action (énième démarquage hongkongais), ni la psychologie (moi bon, toi méchant)...
La bande-annonce est très bien faite. Drôle, rapide, elle nous promet une histoire entre Chouchou et l'homme de sa vie (...). D'ailleurs, ils se marient, promet l'affiche (...). Le film, c'est la bande-annonce, étirée, lessivée, pleine de trous et de scènes laborieuses et pas drôles.
Tout à coup, le réel espoir qui naît de cette désolation tient dans le courage et la volonté que montrent les personnages à avancer sur leur route. La beauté d'un pays meurtri laisse place peu à peu à la beauté d'un possible renouveau. Encore rêvé, peut-être.
Comme d'habitude, pour parler de lui-même et du monde qui l'entoure, Spike Lee utilise toujours les mêmes archétypes communautaires. Non, rien n'a changé : son cinéma est toujours bouillonnant mais son discours manichéen ne nous plait toujours pas.
Il y a, derrière le portrait de groupe, une vraie critique sociale, un peu à la façon du Français Guédiguian - une envie de dire fort, avec colère mais sans se laisser emporter par elle, le dégoût d'une société qui ne les respecte plus en ne respectant plus leur travail.
Le roman fascinait, par la descente aux enfers de ses héros, faisant naître un véritable sentiment de détresse ; derrière ses images de chaos, le film ne laisse qu'une seule impression : du vent.
Loin du paradis est d'ailleurs une copie presque conforme des mélos que ce dernier confectionnait pour Hollywood. Todd Haynes y a seulement introduit le thème de l'homosexualité, qui lui tient à coeur, et accentué le contexte racial (ici, le jardinier est une sorte de Rock Hudson noir). Un mélo briqué et reluisant, "à la manière de".