Par une série de tableaux secs et précis, où prime l'observation des faits et des gestes, la réalisatrice parvient à donner à ses personnages silencieux une grande force humaine. Rien de sentimental. Mais l'émotion naît de la capacité plus ou moins grande de chacun à résister.
Après L'Envol, le deuxième film de Steve Suissa (également acteur) montre la même détermination à foncer tête baissée : ce qui donne ici le pire et le meilleur. Quand il fonce dans les clichés, le film ne s'économise pas. Mais quand il ose aller jusqu'au bout de son sentimentalisme, il atteint son but : nous assouplir le coeur.
Si l'on admet ce principe - que tout le film soit une bande dessinée d'aventures trépidantes où les héros n'ont d'autre dimension que leur silhouette (fort bien esquissée) -, on sera ravi du tour de manège.
Efficacité garantie : on rit souvent. Et même parfois à branchies déployées, à condition d'accepter le principe d'une production qui se préoccupe plus de plaire - et qui y parvient brillamment - que de créer un univers.
Aaltra carbure surtout à l'humour pince-sans-rire, comme un hommage sincère du plat pays à un autre petit territoire en résistance, la Finlande, mais celle d'Aki Kaurismaki, du rock et de la bière.
Vipère au poing s'en tient à une illustration, qualité France, pas déshonorante mais sans âme. On avait vraiment envie, grâce à Vipère au poing, d'avoir enfin l'occasion d'écrire l'admiration que l'on porte à Philippe de Broca ; on ne peut hélas que le faire à moitié.
Attention, si vous avez plus de 14 ans, il est permis de vous interroger sur la pertinence et la nature de votre désir d'être dans la salle avec ce gros seau de pop-corn sur les genoux et votre skateboard calé sous le siège.
Le premier film de Lorraine Levy et la volonté, subrepticement, de vouloir réveiller un peu le spectateur. Et au milieu d'une galerie pittoresque, un seul repère : la jeune héroïne, coeur vivant du film. Le film lui doit ici beaucoup de son charme et de sa sensibilité.
une évocation très mélodramatique, aux positions politiques aussi tranchées et colorées que les artifices revendiqués de la mise en scène. Pas sûr que, au moment où le conflit israélo-palestinien est plus brûlant que jamais, cette feuilletonesque vision de l'histoire, même parée de bonnes intentions, atteigne vraiment son but, que l'on imagine être d'ouvrir les coeurs autant que les esprits.
Simple, comme le graphisme, d'une sobriété de calligraphe. Les oiseaux, les vagues et les hommes, surgis de l'encre lavée, ondoient dans un univers blanc, comme la neige ou le papier, et ressemblent aux pictogrammes de l'écriture chinoise. Et la musique, née de leurs mains aux longs doigts fluides, berce l'ensemble d'une mélancolie douce.
Eternal Sunshine... est, ailleurs, dégagé de toute tentation du symbole, invitant plutôt à se baigner dans une matière tantôt fluide, tantôt épaisse, légère comme le plomb, aussi lisse que soudain rugueuse - un poème d'images trempées dans l'acide du temps : répétitions, étirements, brusques ralentissements, impressions de " déjà vu ", contractions et sauts d'images comme on saute d'une décennie à l'autre... Tout pourrait se résumer à son titre : juste un vers, pas plus, pour dire le désir, la pulsion d'aimer à travers un éclat de soleil ou un sourire qui naît.
Peut-on rire de tout ? Oui, répondent-ils... En somme, tout ça ne serait qu'une blague ? Rien à voir avec la réalité ? Mais alors, à quoi sert ce film ? A nous distraire, avec le couple gagnant des Visiteurs, Clavier-Reno, égal à lui-même.
Les fans de ces derniers (Lara Fabian, Alanis Morissette...) feront mieux de repasser leurs disques, et ceux qui aiment le cinéma d'aller un jour ou l'autre dans les salles Action se régaler avec d'anciennes comédies musicales de la MGM.
Le résultat a quelque chose d'hybride et d'assez monstrueux. Comme si le réalisateur du Grand Chemin, jamais remis de ce succès qui devait beaucoup de sa force aux acteurs, avait tenté d'en retrouver à tout prix la fraîcheur. Or, on ne voit ici que des trucs de fabrication dont l'émotion factice et commandée rappelle involontairement les nanars français des années 1930.
La mise en scène, souvent trop primaire, avec des effets (de musiques, de couleurs) redondants et des raccourcis psychologiques tracés à gros traits, n'arrive pas à dépasser le stade des (bonnes) intentions. Mais elle parvient pourtant à préserver l'énergie du projet, un filet de vie qui passe entre les mailles des conventions, entre la naïveté et la sincérité.
Nouri Bouzid (...) dénonce avec rage l'avilissement banalisé des bonnes, ces vies gâchées, et, au-delà, l'insupportable condition féminine. Dommage que ses échappées belles se laissent parasiter par des symboles et des métaphores trop attendus, comme celle des poupées d'argile.