Amoureux transi comme vengeur implacable, Rami Malek traverse le film sans encombre, souvent même avec aisance, sans avoir besoin de verser dans une surenchère inutile de postures comme cela avait pu être le cas en s’essayant au vilain de James Bond le temps de Mourir peut attendre. Personne n’y perd pas au change…
Avec son noir et blanc somptueux et léché, tout à la fois meilleurs témoin et contraste de la teneur lugubre des situations qui vont se succéder jusqu’à l’horreur absolue – le commerce d’enfants proposés à l’adoption avant de connaître un sort plus sinistre encore –, c’est un film de survie, où tous les moyens semblent “bons” pour y parvenir, qui nous est jeté en pâture, malaisant et saisissant à la fois.
Faisant le choix d’une réalisation épurée, servie d’une photographie et d’un son très maîtrisés, Jean-Claude Barny signe davantage qu’un biopic : une porte d’entrée sur une oeuvre culte, d’autant qu’on commémore cette année les 100 ans de la naissance de Frantz Fanon.
De son scénario maîtrisé à sa réalisation minimale, A Real Pain parle beaucoup mais ne bavarde pas pour autant, et s’avère un film bien plus grand qu’il ne le laisse penser. Well done, Eisenberg.
Profitant d’un scénario audacieux, à la fois cruel et contemplatif, cosigné avec Justin Kuritzkes, Queer bénéficie d’une épatante performance de Daniel Craig. Transpirant, souvent ivre, héroïnomane sans cesse guetté par le manque, l’acteur britannique renonce au sex-appeal de James Bond et donne à voir un Burroughs dans toute sa pathétique quête d’amour.
L’American Dream devient un cauchemar aux lignes ultra-structurées, et certaines de ses séquences imposent leur maîtrise graphique, notamment lors d’un passage traumatique dans des stupéfiantes carrières de marbre italiennes. Impressionnant.
C’est de Steven Soderbergh dont il est question ici, passé maître dans l’art de se jouer de la forme et du fond. Usant (abusant ?) du grand-angle, sa caméra-présence peut dès lors se muer en témoin privilégié des fêlures et craquelures au sein de cette famille comme de ceux qui vont s’y frotter, quand elle ne va pas les creuser ou les provoquer. Angoissant, mais pas forcément au sens où on l’entend…
Le point de vue choisi par ce 5 septembre au moment de s’y essayer vient rapidement taire les doutes et les méfiances : les différentes étapes, de la séquestration au village jusqu’à son dénouement fatal sur une base aérienne, vécues dans le huis clos d’un studio de télévision, en l’occurrence celui installé sur place par la chaîne américaine ABC.
Et cet audacieux dispositif fait la réussite de Better Man, car il parvient aussi bien à émouvoir (parfois trop, notamment sur les vingt dernières minutes qui auraient gagné à être synthétisées) qu’à raconter franchement les excès titanesques du chanteur, qui assure la voix off avec panache.
Si le thème pourra paraître un brin convenu, voire “déjà-vu” (avec ou sans accent anglo-saxon), et pas forcément avenant à l’heure de se précipiter dans une salle obscure, il fallait tout le talent d’actrice de Nicole Kidman dans le rôle principal pour que sa traduction ne tourne pas ici à la caricature (...).
Paul Schrader réussit à adapter le verbe de Banks en ne gardant que la substantifique moelle de l’intrigue, mais aussi des gestes ou des mots qui offrent à ce récit une portée nouvelle, plus accessible sans doute, mais non moins poignante. Le casting y est pour beaucoup (...).
Aux antipodes d’un biopic classique, suspendant le temps comme les décors, le réalisateur argentin mêle registres, intentions et intensité lumineuse, sans perdre de vue la poésie bravache de son modèle, qui n’en devient que plus passionnant encore.
Mais au-delà du suspense dont il se drape avec… malice, Conclave ne manque pas d’interroger sur d’autres ambitions, celles de l’église dans son ensemble (...).
Et si ses dernières années à rejouer son corpus sur scène ne font pas pâle figure, c’est parce que Herzog Dessites rappelle le rythme des “moulins du coeur” de Legrand qui épousa, à 82 ans, un grand amour nommé Macha Méril. Bien joué, à tout point de vue.
Marquer les esprits sans modération, s’appuyer sur le fantastique – et parfois le gore – pour y parvenir, la direction choisie ne souffre aucune restriction. Idem pour Demi Moore, stupéfiante dans le rôle principal, jouant – jusqu’à l’outrance, là aussi – de sa nudité, plus librement encore qu’elle l’avait fait jadis le temps de cette photo d’elle enceinte en couverture de Vanity Fair, en 1991.
Derrière la beauté des paysages et un onirisme qui n’est pas sans rappeler celui de l’univers de Miyazaki à l’occasion, l’analogie des comportements humains face à une menace environnementale n’est qu’une des raisons pour apprécier Flow sans réserve.