C'est son côté rêche, sa propension à ne pas faire semblant quand il doit développer sa propre violence, qui fait la signature de ce Misanthrope-là, privilégiant volontiers une efficacité à une recherche d'originalité.
Derrière un synopsis de départ que l’on oublie assez vite (un assassin plongé dans un monde peuplé de créatures mutantes et de scientifiques fous), tant le récit en lui-même paraît parfois secondaire, c’est la fantasmagorie de l’univers qui capte et envoûte, sombre et cauchemardesque à souhait.
Dans un tel cadre, acteurs et actrices peuvent s’en donner à cœur joie et ils ne s’en privent pas, la réunion de deux générations différentes fonctionnant sans souci.
Fidèle à ses habitudes, la cinéaste britannique soigne la photographie (ultra-gothique) et recrute Tilda Swinton, décidément capable de tout. Elle est épatante dans ce double rôle ô combien particulièrement délicat… Mais Hogg instaure également une tension narrative aussi inhabituelle qu’appréciable dans sa filmographie.
Atlantic Bar, le premier documentaire de la photographe Fanny Molins nous touche de ses familiarités, sans jamais tomber dans un quelconque misérabilisme.
Malgré le lourd poids sur ses épaules, Gabriel LaBelle brille par son jeu sobre, parfois traversé d’euphorie créative ou d’accès de colère. Entre passion et mélancolie, Michelle Williams et Paul Dano sont d’une justesse épatante, tout comme Seth Rogen, dans un rôle pourtant ingrat mais crucial dans la narration.
Dans le rôle de la mère d’Emmett, qui insista, à l’époque, pour laisser ouvert le cercueil de son fils afin que la population réalise la brutalité de ce qu’il avait subi, s’illustre une excellente Danielle Deadwyler. Presque quarante ans après La Couleur pourpre, Whoopi Goldberg joue, cette fois, la grand-mère… Un film d’intérêt public.
Puisque tout devait être spectacle déjà à cette époque, Chazelle prend le mot d’ordre à la lettre. Mais sa plus belle réussite est de savoir communiquer le plaisir qu’il en a manifestement tiré.
Action, trahisons, retournements de situations : rien ne manque, pas même sa pincée de spiritisme pour emballer le tout, voire provoquer quelque tirade ultime (“Je commence à croire que tes fétiches protecteurs sont des aimants à emmerdes.”).
Peignant le choc thermique entre le Vieux Monde et une société fragmentée 2.0, narrant l’hypocrisie de l’un comme de l’autre, Tár est d’une pure beauté formelle, servie par de multiples références musicales comme par une subtile tension narrative.