11 ans après « Seven », David Fincher, Ténor du cinéma américain revient à ses premiers amours : le thriller sur fond de serial killer. Un Fincher mythique, de retour aux sources, mais là où on ne l'attend pas! L'histoire du plus grand tueur en série de toute la Californie qui terrorisa l'Etat sur 3 décennies est narrée telle une fresque à la richesse documentaire déconcertante.
Le réalisateur qui a grandit en Californie , se rappelle de l'époque et commente. On suit le parcours atypique d'un tueur aux meurtres glaçants, qui se fit un nom notamment en communiquant avec le journal San Francisco Chronicles, auquel il envoyait des lettres sous formes de messages cryptés utilisant des Symboles grecs, codes morses, caractères alphabétiques, signes astrologiques et signaux sémaphoriques que journalistes et spécialistes décryptaient et publiaient.
Exit les règles du thriller, même la notion de scénario, le désir de Fincher est bien de narrer tel un historien, un fait divers qui reste aujourd'hui relativement obscur (le vrai tueur n'a jamais été retrouvé avec certitude !), à travers le regard d'un dessinateur : Robert Garrysmith, dont il s'inspire des livres. Interprété par l'excellent David Gyllenhaal, ce dessinateur travaillant au San Francisco Chronicles, n'eut accès à aucun dossier (de par son poste, mais la volonté déplace des montagnes) mais consacra une large partie de sa vie à chercher la vérité sur le Zodiac.
Des scènes à la tension magistrale, tout le long, rappele aussi toute l'audace du réalisateur, faisant un clin d'œil au genre (thriller) et une musique d'époque brillamment utilisée dont l'excellent morceau de Donovan "Hurdy Gurdy Man", en titre phare, ne font qu'accentuer notre plaisir et notre nervosité, à découvrir cet itinéraire hors normes. Robert Downey Jr, d'un charisme spectaculaire en journaliste écorché vif, dont la vie sera boulversée à jamais par le serial killer, apporte aussi une épaisseur dramatique à ce chef d'œuvre (on ne les comptent plus) de Fincher...