« Zodiac » est à mes yeux un incontestable chef d’œuvre et le meilleur film de D.Fincher. Tiré d’évènements véridiques méticuleusement retracés par R.Graysmith dans deux ouvrages dédiés à cette intrigue mystérieuse, l’œuvre de Fincher relate avec un incomparable savoir-faire une série de meurtres demeurés impunis qui ensanglantèrent la côte Ouest des Etats-Unis et défrayèrent la chronique de 1966 à 1978. Le réalisateur nous entraîne dans le parcours sanglant d’un serial killer vécu à travers la destinée de trois protagonistes, animateurs malgré eux et victimes à des degrés divers de l’une des plus énigmatiques affaires criminelles irrésolues de notre époque. Malgré un récit fragmenté entre les scènes de meurtres et les séquences d’investigation policière et journalistique, d’une part, l’entrecroisement des personnages et des sursauts de l’intrigue, d’autre part, le scénario conserve une très grande cohérence et la mise en scène une surprenante homogénéité. Parallèlement au déroulement de l’enquête, la réalisation insiste sur les failles des procédures judiciaires et policières, sans lesquelles le suspect désigné aurait peut-être été arrêté, et sur les scrupules de la presse à alarmer la population au risque de créer un climat de panique. Le spectateur se sent accaparé par une trame toujours plus captivante au fur et à mesure des évènements et de l’accumulation des crimes. Stimulées par une photographie magnifique et des effets visuels saisissants, l’angoisse et la curiosité fébrile nous étreignent corrélativement à la croissance de l’obsession de R.Graysmith dans sa quête de la vérité et aux risques pris pour tenter de résoudre l’insoluble mystère. Les trois rôles principaux sont joués avec beaucoup de réalisme et de conviction par Jake Gyllenhaal, Mark Ruffalo et Robert Downey Jr. En dépit de sa longueur potentiellement rebutante, ce film admirablement construit maintient un suspense hallucinant de la première à la dernière image et s’avère absolument passionnant.