Avec un casting de haute volée (Jake Gyllenhaal, Robert Downey Jr, Mark Ruffalo), "Zodiac"est une adaptation d'une histoire vraie des années soixante. Zodiac, ou le nom du tueur en série en question, dont la particularité était de dévoiler des indices à la police et à la presse sous forme de messages cryptés. Quoique brillamment mis en scène (David Fincher fait une nouvelle fois preuve de maestria), le film et ses deux heures et demi sont parfois à l'origine d'un ennui palpable. La prestation sensationnelle de Gyllenhaal retient toutefois l'attention ; à l'époque, déjà, l'acteur s'exprime de façon admirable. De très bons moments sont par ailleurs esquissés,la manière dont Zodiac se débarrasse des gens est glaçante, dérangeante. Cela nous renvoie à l'idée d'insécurité, encore plus en adéquation avec la société d'aujourd'hui qu'à l'époque de sa réalisation : le danger est omniprésent et il n'existe aucun moyen de le neutraliser totalement (cela renverrait à une société angoissée marquée de près par les forces de l'ordre, l'un des buts du terrorisme). Fincher nous fait part de l'écoulement incessant du temps, autrement dit de la retombée progressive de Zodiac dans la clandestinité, avec un réalisme quasi-documentaire. Ce réalisme, qui caractérise les différentes oeuvres de Fincher, nous amène dans le monde des journaux et de la pêche à l'info ; tout repose sur l'éthique, et les marginaux peuvent à tout moment se retrouver hors-jeu dans ces systèmes. Bien exécuté, avec une intrigue bien ficelée, "Zodiac" est une bonne trouvaille. On regrettera des longueurs parfois gênantes, qui marquent la limite entre un bon film et un très bon, faisant de ce thriller une oeuvre sympathique, sans plus.