Il est difficile d’écrire tant les mots peuvent sembler dérisoires face à un tel film.
On pourrait penser que David Fincher qui a lui-même enquêté pendant des années sur ce personnage réel l’a en quelque sorte déifié mais il n’en est rien, il s’est simplement approché au plus près de la vérité de l’enquête en tentant de cerner tant physiquement que psychologiquement ce personnage hors normes, psychopathe, roublard, vengeur, sadique, mégalo et diablement rusé qu’incarnait ce « Zodiac ». Fincher nous met sur le grill pendant 2h30. Nous ne suivons pas l’enquêteur, on le devient à sa place, on veut le démasquer avant lui.
Le film est construit comme une sorte d’ascension de l’Himalaya qui débuterait à 2000 mètres.
Dès la scène d’ouverture, Fincher nous plonge dans la nécessité d’en découdre avec le Zodiac et de le démasquer. Fincher nous balade dans un labyrinthe tel que le Zodiac l’a fait avec la police, il nous entraine alors dans la plus passionnante des enquêtes policière du cinéma.
La fascination exercée sur le spectateur vient aussi du fait que ce personnage fantomatique nous tient en haleine, nous met les nerfs à vif et nous laisse exsangue à la fin.
Tel Dieu, invisible et plein de bonté, Fincher évoque ce « diable », invisible aussi, commettant le mal au hasard, parlant au peuple d’Amérique sur les ondes radios, connu de tous mais inconnu par tous.
Tout est magistral : la reconstitution des années 60 et 70, la tension psychologique qui va sans cesse crescendo, la musique lancinante de Donovan, comme une douce comptine annonciatrice du pire.