Créée et co-écrite par Jesse Armstrong (In the Loop, We are Four Lions) et produite notamment par Will Ferrell et Adam McKay (Very Bad Cops, The Big Short, Vice), «Succession» s'est conclue cette année au terme de sa 4e saison. Il était donc temps que je me plonge dans cette série, inspirée de la trajectoire du milliardaire Rupert Murdoch, et dont j'ai entendu beaucoup de bien autour de moi.
Alors, celle-ci mérite-t-elle de figurer parmi les meilleures séries de tous les temps, comme l'affirment certains ?
Et bien pour être sincère, cette série m'a laissé un ressenti quelque peu discordant.
Quelque part entre un récit Shakespearien modernisé et une plongée aux allures documentaires sur les coulisses du monde des finances et des médias, une série extrêmement bien écrite et interprétée, nous dépeignant la relation quelque peu chaotique du puissant (et redouté) patriarche Logan Roy avec ses enfants, chacun d'entre eux voulant s'accaparer le trône du Roi, mais aussi et surtout cette reconnaissance paternelle qu'ils espèrent tant depuis si longtemps.
Une série prenante (pour preuve, je me suis visionné la série entière en un peu moins de 3 semaines) où la parole est quasi omni-présente, mais avec laquelle je gardais toujours une certaine distance, et cela pour une raison bien précise : ses personnages.
Antipathiques, vulgaires, hautains, lâches, manipulateurs, égocentriques et vaniteux, ils sont une parfaite illustration de ces puissants dans leur tour d'ivoire, au-dessus de la plèbe, soumettant les autres à leurs ordres, et pour lesquels rien n'est impossible ni interdit.
Et qu'il s'agisse des membres de la famille Roy comme de leurs collaborateurs ou encore des personnes avec lesquelles ils traitent, tous ont cette caractérisation qui rebute plus qu'elle ne touche (la seule envie qui me traversait l'esprit une majeure partie de la série était de les mettre tous dans un même sac et de les balancer dans la rivière la plus proche).
Des personnages auxquels j'ai eu du mal à m'identifier et à compatir avec ce qu'ils pouvaient bien traverser ou ressentir. Si bien que je me retrouvais toujours plus extérieur que véritablement investi dans les nombreuses querelles familiales (parfois un peu redondantes) et différents coups de théâtre qui ont lieu au cours de la série.
Et oui, j'avais très vite compris qu'il s'agissait là d'un parti-pris scénaristique, pour mieux montrer par la suite leur "humanité" lors des moments de faiblesse ou de tension (ce qui sera assez présent dans la dernière saison, illustrant avec justesse et cruauté que rien ni personne n'est éternel, et montrant l'enfant caché derrière l'adulte).
Mais à mes yeux, leurs défauts pèsent trop souvent dans la balance pour réellement faire exister leurs failles et provoquer l'empathie nécessaire.
Histoire de famille, de pouvoir, d'images et de solitudes (un peu à l'image d'un certain «The Crown»), le récit d'enfants gâtés avec des blessures en eux et qui, par la force des choses et leur environnement impitoyable, sont devenus des "handicapés de l'émotion", et le tableau pas très reluisant d'une galerie de personnages avec leurs intérêts personnels et prêts à poignarder leurs proches dans le dos pour obtenir ce qu'ils souhaitent.
Bref, une très bonne série qui ne m'a pas laissé indifférent, composée de personnages auxquels je suis resté hermétique une majeure partie du récit, ce qui m'empêche de mettre une note plus haute.
Un ressenti personnel et discordant comme je le disais plus haut. À vous de vous faire le vôtre. 7,5/10.