L'univers où se situe la série pourrait avoir été intéressant (un conglomérat de chaines d'information, de journaux, de parcs d’attraction, de croisières, de divertissements, contrôlé par une famille) mais on n'apprend presque rien sur ces domaines, on les voit très peu en définitive, ils sont là pour servir d'enrobage à une histoire qui se déroulera surtout dans un bureau ou un salon géant ou une cabine d'avion. La seule scène où le scénario m'a proposé d'entrer dans cet univers est quand le fils cadet est fortement invité à suivre une formation de manager de parc d’attraction (le gars veut prendre la succession d'une des plus grosses firmes du monde mais ne sait même pas le minimum basique), formation de groupe où il rencontre des vrais gens et doit relever quelques défis, ça aurait pu laisser place à des épisodes instructifs mais cette séquence est sacrifiée tout de suite au profit d'une histoire de coups de feu absurde (une histoire sans suite, d'ailleurs, encore un enrobage). C'est la principale critique que je fais à la série : l'omniprésence du deux ex machina, l’interventionnisme du scénariste qui dirige une histoire avec des ressorts faibles, pas caractérisés. Les exemples pullulent. Le neveu galère à chercher un studio pour se loger ? Hop, son cousin lui offre un appart après avoir acheté un immeuble (j'aurais aimé en apprendre plus sur l'activité d'agent immobilier de ce fils mais ça s'arrêtera là, enrobage encore). Ils ont besoin de faire revenir un ancien viré comme un malpropre ? Hop, le revoilà, propre et souriant à leurs côtés, sans rien apprendre du salaire, du contrat, de sa vie. Ils veulent faire porter le chapeau à un ex-directeur des loisirs ? Hop, on l'entrevoit en salle des témoins, on nous chuchote qu'il ne se laissera pas faire et on n’entend plus parler de lui. La densité qu'on est en droit d'attendre du scénario est absente, elle est remplacée par le deux ex (pour faire avancer l'histoire) mélangé à beaucoup de dialogues car, oui, cette série est une série bavarde. Ces gens sont les héritiers dans un milieu de requins, leurs équipes sont des professionnels de pointe, et pourtant on les regarde geindre, geindre, geindre, sans avancer d'idée ou de pions. On doit sauver le conglomérat ? Hop, miracle, les voilà tous partis en hélico pour une réunion de famille avec la famille des snobs concurrents prêts à signer un contrat géant. Autre indice de superficialité de l'écriture : il y a beaucoup de manœuvres autour de l'argent et des contrats dans cette série, mais leurs avocats et conseillers financiers ne sont pas crédibles, ils ne proposent rien. Je pose la question : ai-je appris quelque chose utile juridiquement ou financièrement dans cette série ? Ou dans le domaine des médias et des parcs d'attraction ? Non. Ou dans celui des croisières ? Oui, ne faites pas chanter les danseuses, merci de l'info digne d'une boite de strip-tease. Voilà, c'est donc deux étoiles et demi car il ne suffit pas d'intituler sa série On est une super série avec plein de jets privés pour qu'elle soit super. Ils auraient du engager quelques scénaristes de Suits, raccourcir les dialogues, caractériser plus les personnages (on ne sait rien de leur passé), montrer les choses de la vie ordinaire pour leur donner de l'épaisseur, etc.