Avec cette histoire d’un tueur à gages qui, pour avoir raté sa cible, se retrouve traqué par ses propres employeurs, David Fincher n’a pas fait dans l’originalité…si ce n’est que ‘The killer’ est tiré d’une bande-dessinée française et pas d’un script hollywoodien. Quoique ne manquant pas de punch quand c’est nécessaire, ‘The killer’ possède un je-ne-sais-quoi qui le différencie du tout venant du polar hollywoodien, sans qu’on puisse déterminer si on le doit aux sources européennes du projet ou à Fincher mais ce qu’il y a de plus fascinant dans ce concept usé car mille fois parcouru, c’est qu’il s’inscrit pleinement dans son époque, sans jamais chercher à se rendre intemporel : cette fuite internationale de l’assassin joue selon les règles d’une civilisation mondialisée de la rapidité et du mouvement, dans laquelle on prend l’avion comme d’autres prennent leur vélo, et où les smartphones et l’équipement sont jetables, parce qu’ils peuvent être instantanément recommandés via les circuits de livraison qui parcourent la planète comme un réseau de veines. Aussi méticuleux que son tueur, Fincher dissémine de petits indices ici et là, qui dessinent le personnage et le monde dont il est une des émanations mieux que ne l’aurait fait un long discours. Le tueur, d’ailleurs, desserre rarement les mâchoires : ce qu’on entend, c’est son monologue intérieur, son amour de la précision, ses manies obsessionnelles, les aphorismes dont il se sert pour justifier sa profession et ses méthodes et les statistiques qu’il énumère pour expliquer sa position (élevée) dans l’ordre universel des choses : ce mercenaire est un solitaire mais pas un marginal,, il ne cesse d’affirmer son rôle d’humble rouage d’un système-monde dans lequel il estime avoir toute sa place. C’est ce qui rend ‘The killer” plus intéressant que la moyenne.