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96 abonnés
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3,5
Publiée le 14 octobre 2023
Maitrisé mais sans éclat. Ces productions pour petits écrans, tous réalisateurs de renoms confondus (hors Baumbach et Kaufman), ne parviennent jamais à atteindre la mesure de leurs ainés dédiés à la salle. La cause probable : le manque d'engagement total du réalisateur pour une oeuvre dont tout le monde sait qu'elle ne connaitra jamais vraiment la pleine lumière, qu'elle ne fera pas date. Des oeuvres condamnées quoi qu'on en dise à être secondaire par leur format de diffusion. Le film ne soufre d'aucun défaut majeur. Encore une fois parfaitement maitrisé. Mais pâtit d'une perte légère du sens de l'épure (fausse, car la complexité du geste, la maitrise étaient là mais n'étaient plus étalées) qu'avait su trouver Fincher au cinéma (Zodiac, Social Network) après les débordements du millénaire dernier. Très belle scène de voyeurisme en chapitre 1, purement Finchienne, qui singe le cinéma d'Hitchkock mais armée de la puissance du numérique. Et très belle et réjouissante scène de combat au chapitre 5 qui parvient à élever un geste qui semblait avoir atteint un plateau depuis Jason Bourn, film qui avait fixé un nouvel étalon reproduit à l'infini depuis, mais encore perfectionné ici.
Ayant eu la chance de le voir déjà 3 fois, j'ai pris un pied intégrale devant ce The Killer (et ce n'est pas simplement parce qu'il s'agit du nouveau film de mon cinéaste favori !)
D'une structure narrative globalement extrêmement simple et épurée (un assassinat tourne mal et notre protagoniste va remonter la chaîne alimentaire pour se venger), Fincher livre une leçon totale de mise en scène tout simplement ahurissante.
On pense légèrement au classieux Melvillien du Samouraï (surtout au début), mais le film se rapproche selon moi bien plus d'un Thief de Michael Mann (dans la manière de montrer un expert mono-maniaque solitaire) ou d'un Charley Varrick de Don Siegel (d'un point de vue dramaturgique ou dans sa violence sèche très 70's).
C'est à la fois le parfait film Hitman (rien que son superbe générique d'intro en images de synthèse fait penser à 47) et une belle adaptation de la BD de Matz/Jacamon (bien que très libre) : tout en redoutable efficacité de chaque instant, The Killer est dopé par l'impressionnante performance toute en intériorité de Michael Fassbender. En résulte un anti-héros froid, méthodique, programmatique et même psychopathe, dont oncapte véritablement toute l'essence via la voix-off quasi omniprésente (un véritable outil dramaturgique hérité de la BD, et qui est aussi prépondérant que la scénographie ou le montage).
Ainsi, le modus operandi du tueur avant chaque chapitre du film (d'une brillante scène d'attente à Paris à de l'infiltration à Chicago, en passant par de la filature en République Dominicaine) devient source constante de fascination et de tension, sublimée par une mise en scène millimétrée. De plus, le sound design se veut aussi un des plus impressionnants de la carrière de Fincher et Ren Klyce (saupoudrées d'une BO atmosphérique de Reznor-Ross du plus bel effet) trouvant d'ailleurs son point d'orgue dans un morceau filmique d'anthologie en Floride, via un mano-à-mano hyper brutal dont le découpage m'a réellement décroché la mâchoire !
On est loin du film d'action (c'est même majoritairement lent et précautionneux à tous les niveaux), mais quand ça envoie on est bien au-dessus du tout venant concernant le cinéma anglo-saxon. Malgré tout un regret subside : l'épilogue est selon moi décevant en regard du reste. Rien d'incohérent ou de hors-sujet, mais la finalité se veut beaucoup trop classique et sans sentiment de plénitude post-climax (surtout quand juste avant la dernière ligne droite on a très belle séquence dialoguée avec Tilda Swinton).
Pour le reste, The Killer est à l'image de son anti-héros : implacable, net, sans bavure. Une série B noire d'excellente facture, quine sera pas dans les grands films de Fincher, mais qui malgré tout met une sacrée mandale à l'industrie...une fois de plus !