Avec The Killer, David Fincher réalise un thriller néo-noir de bonne facture malgré quelques carences. L'histoire nous fait suivre un tueur à gages solitaire et froid qui tue ses victimes méthodiquement, sans scrupules ni remords. Seulement, un jour, il rate sa cible, ce qui va se retourner contre lui. Ce synopsis, volontairement peu détaillé, n'est que le point de départ d'une vengeance punitive un peu plus riche en éléments, même si ce scénario, adapté de la série de bande dessinée Le Tueur, n'est pas la plus grande force du métrage. En effet, l'intrigue est tout de même assez simple même si elle a le mérite de mettre en avant un antagoniste. Son déroulement sous forme de chapitres se passant dans plusieurs endroits du monde n'est pas des plus pertinent mais est à l'image du tueur méticuleux. Enfin méticuleux d'après ce qu'il exprime via une voix off narrant ses faits et gestes qui est beaucoup plus loquace que lui. En effet, cette voix intérieur qui s'extériorise est quasiment omniprésente et nous permet d'entendre ses pensées. Seulement, là ou le bât blesse, c'est que son discours bien ficelé n'est pas vraiment cohérent avec certaines de ses actions. Ce paradoxe est dérangeant tout au long des près de deux heures de visionnage. Malgré cela, l'ambiance placide est prenante ce qui permet de s'immerger en dépit de ces tares. L'ensemble est porté par un personnage assez neutre puisqu'il n'est ni attachant, ni détestable, à l'image de sa personnalité glaciale et machinale. Ce dernier est très bien interprété par un Michael Fassbender habitué à ce genre de rôle. Le reste de la distribution comporte entre autre Tilda Swinton, Charles Parnell, Arliss Howard, Kerry O'Malley ou encore Sophie Charlotte. Mais on retiendra surtout le visage impassible du tueur impliqué dans son travail qui entretient des relations dépourvues de sentiments avec les autres individus. Des rapports soutenus par des dialogues absorbants déclamés de façon philosophique et flegmatique par cette voix pensant hautement. Sur la forme, la réalisation de David Fincher s'avère comme à l'accoutumée soignée. Cependant, sa mise en scène est très fixe et manque cruellement de mouvements de caméras sophistiqués permettant d'être mémorables. De surcroît, les différents pays visités ne sont pas du tout exploités. Ce visuel sobre et clinique à l'étalonnage travaillé est accompagné par une b.o. de qualité signée Trent Reznor et Atticus Ross. Les compositions du binôme sont des musiques d'ambiances permettant de renforcer l'atmosphère et d'impacter les images. Ces représailles s'achèvent sur une fin correcte mais sans plus, venant mettre un terme à The Killer, qui, en conclusion, est un film méritant le coup d'œil dans le (télé)viseur, même si le cinéaste nous à habitués à des œuvres plus inspirées.