Matthew Vaughn qui adapte une BD de Mark Millar (mais dessinée par Dave Gibbons cette fois)... Forcément, ça nous ramène, avec nostalgie, cinq ans en arrière, en cette fameuse année 2010 où l'on vit débarquer un film complètement dingue réunissant à l'écran un ado attardé revêtu d'un costume de plongée improbable pour combattre le crime comme dans ses comics préférés et une petite fille haute comme trois pommes prenant un plaisir sadique à trucider des gangsters dans tous les sens. Oui, "Kick-Ass" était un truc totalement barré de la première à la dernière seconde enchaînant vannes hilarantes, véritables moments d'émotions et scènes de bastons jouissives au possible sur fond d'une BO à se damner. Mais c'était surtout cette capacité à mettre toutes les deux minutes des claques dans la tête du spectateur en enchaînant surprises scénaristiques ou visuelles et répliques cultes qui était la plus impressionnante.
C'est donc logiquement la bave aux lèvres que j'attendais "Kingsman", impatient de revivre une telle expérience cinématographique... Et je l'ai revécu mais hélas de manière trop partielle.
Dans sa grosse première heure, "Kingsman" va finalement se révéler (à mon grand étonnement) assez prévisible en déroulant une intrigue très banale, mise en abîme satirique de James Bond couplée à une sorte d'Harry Potter gentillement trash version espion. Mais attention, on ne s'ennuie jamais, ça reste d'une inventivité visuelle folle - si on m'avait dit un jour que je prendrais un tel pied à voir Colin Firth (officiellement devenu le type le plus classe du monde) se battre ou qu'une femme sans jambes deviendrait mon nouveau fantasme, je ne l'aurais jamais cru ! - et les clins d'oeil "bondiens", notamment l'armada de gadgets incroyables et les face-à-face entre Samuel L. Jackson et Firth fonctionnent vraiment. Seulement, il manque un véritable grain de folie sur le fond, on sourit sans ne jamais rire et les rebondissements sont souvent très attendus. J'en prends pour exemple le plan machiavélique du mégalomaniaque méchant pour dominer le monde qui n'a de cesse de se révéler intriguant pour finalement se dégonfler comme une baudruche une fois sa teneur révélée. On pourra aussi citer le personnage féminin, collègue du héros, très transparente car sous-développée (la sosie de Chloé Moretz en passant).
Heureusement, la dernière partie va rattraper tout ça en livrant ce qui seront probablement les scènes les plus WTF de 2015 (ce feu d'artifice, j'en ris encore !). Renouant avec cet esprit "kick-assien" (on notera d'ailleurs que le score d'Henry Jackman lors de ces ultimes séquences rappellent furieusement un combat d'une certaine Hit-Girl), le film lâchera enfin complètement la bride et partira dans le délire le plus total qu'on attendait tant. Seule une vanne pas drôle, voire vraiment nulle (la princesse), viendra gâcher la fête nous rappelant à quel point ce "Kingsman" n'est pas parfait.
Alors qu'on soit d'accord, j'ai beaucoup apprécié cette nouvelle association Vaughn-Millar mais j'aurais tellement aimé l'adorer...