Kingsman: The Secret Service (2015
Kingsman est une organisation secrète anglaise. À la suite du meurtre d’un de ces agents, Harry Hart devra trouver une nouvelle recrue.
Après X-Men: First Class, Matthew Vaughn adapte un autre comic des créateurs de Kick-Ass (qu’il a également réalisé).
Kingsman raconte comment une agence devra recruter Eggsy, jeune désenchanté de la banlieue londonienne, et lutter contre le vilain Valentine, sorte de milliardaire et magna de la Silicon Valley.
Le ton est rapidement donné, étant un mix ou une sorte de rencontre entre les anciens James Bond et Kick-Ass. Cocasse, plaisant, décomplexé et par moment jouissif, le film est conscient de son identité et joue sur les clichés, tournant en dérision certaines ficelles ou le ton sombre et réaliste des films et séries actuels d’espionnage. Le coté kitch sonnera également auprès des fans d’Austin Powers.
Avec une sensibilité aux problématiques de notre société rappelant Wanted (du même créateur), ce film taclera, malheureusement légèrement et de manière bancale, le pouvoir des multinationales et de l’argent (influence sur le peuple), l’attitude égoïste et inconsidérée de nos dirigeants, et le cas du changement climatique (avec une explication simplifié de la théorie Gaïa). Il y a de nombreux moments d’exposition, dévoilant l’intrigue et pouvant induire une longueur au film, mais je l’ai trouvé nécessaire afin de garder une cohérence et un équilibre dans le rythme.
Pour lutter contre le vilain, l’atout utilisé est à l’image de l’agent Galahad, membres de Kingsman, une sorte de réincarnation moderne de la table ronde, mais où les armes et les avantages sont par définition liés au gentleman-spy.
Parodiant et tournant à l’ironie les gadgets de Q, ce sont les symboles british-posh (parapluie, chaussures oxford, costumes,…) qui sont la force et utilisés comme les armes contre le mal.
Un mal personnifié par Valentine ; joué par un Samuel L. Jackson vraiment décalé, croisé entre un pseudo-rapper-in (Russell Simmons, quoi) et un Steve Jobs ; image de la culture US, critiquant ouvertement l’apparence et les habitudes, le comportement (de beaux discours pour emballer les politiciens), le comportement hypocrite (user de la violence sans l’assumer ; mais utilisé de manière fort amusante dans le film), ou encore p.ex. avec la scène dans l’église, où l’intelligence critique est face au discours discriminatif et imbécile d’une communauté religieuse.
Le plan de Valentine a, par ailleurs, un spectre globale, radicale dans son application, dans la plus belle tradition des vilains de Bond, tout en restant conscient de sa situation et jouant sur les préjugés.
Étrangement, ce duel entre garçons et hommes chics se fait en plaçant sur un pied d’estrade les valeurs impérialistes d’une société basée sur des castes aristocratique.
Le parcours d’Eggsy, interprété par (c’est une bonne surprise) un dynamique et approprié Taron Egerton, est plus classique, quiconque ayant vu un film se déroulant dans un collège britannique reconnaitra les éléments tel que les tests et les brimades ; tandis que la relation entre Eggsy et Hart sont à l’image de celle de J et K dans Men In Black.
Les effets spéciaux sont de qualité très moyenne, mais sont au service d’une action violente, gratuite et peut-être de mauvais gout, mais dans un style assumé sans se prendre la tête.
Une des scènes de combat (le film en compte au final relativement peu), met Firth face à un grand groupe. On pourrait légitimer la scène disant qu’elle montre la force réelle et la menace des agents de Kingsman, mais bien que renversante, ce déluge d’action n’a pour raison d’être que sa propre existence.
Le montage est maitrisé, donnant de la lisibilité à des combats pourtant mouvementés et propices aux fautes, et réussissant également à construire une tension artificielle à des moments où il n’en aurait pas lieu, ce qui donne de la force à la narration et du suspens aux scènes.
Désordonné mais amusant, mauvais gout mais assumé, un pêché mignon.
8/10