« Qui sauve une vie sauve le monde », c’est cette phrase qui permet parfaitement de résumer la thématique de Une Vie réalisé par James Hawes. On y suit le personnage de Nicholas Winton, un jeune londonien ayant sauvé 669 enfants juifs de la dictature nazie. Le film se déroule sur deux temporalités, 1938, à Prague et le sauvetage des enfants, et 1988 où l’on y suit un Nicholas Winton vieillissant rattrapé par son passé.
Espoir. C’est peut être le premier mot, la première sensation qui vient à l’esprit en ressortant d’Une Vie. Un film qui fait beaucoup de bien surtout à cette époque. La bonté humaine existe bel et bien et a toujours existé. Sir Nicholas Winton est un modèle de persévérance et d’humilité, et son développement nous rappelle que l’on peut toujours faire mieux, que l’on peut toujours agir quelque soit sa position sociale, son caractère, sa famille, rien ne nous empêche jamais de réaliser une bonne action. Nicholas suit la même ligne directrice qu’il soit en 1938 ou 50 ans plus tard. Il garde toujours les même valeurs et rien ne peut les ébranler. Sa détermination est admirable. Les principaux antagonistes ne sont pas tant les Nazis qu’on aperçoit à peine mais plutôt les gens qui pensent que cette mission n’est pas possible à cause d’obstacles administratifs ou de manque d’empathie. Dans ce film idéologique, la vraie force antagonique est en fait l’ antipathie et surtout la perte d’espoir à laquelle Nicholas ne va jamais céder. Et c’est beau, touchant, émouvant et nécessaire. Cette histoire doit être connue, l’histoire d’un homme parfaitement ordinaire qui a pourtant réalisé un des actes les plus héroïque du XXème siècle avec l’aide de ses complices résistants. Ce film est une ode à la bonté, à l’humanisme et à la persévérance.
Le récit est donc séparé en deux époques différentes. Le personnage est magnifiquement interprété par Johnny Flynn et Anthony Hopkins. Les deux acteurs donnent vie au même personnage et ça se ressent. La personnalité, les mimiques, un profond respect du travail d’interprétation de Hopkins est fait par Johnny Flynn qui donne vie à un être extrêmement attachant, profondément gentil et déterminé à faire son possible pour rendre le monde meilleur. C’est extrêmement touchant de voir cet homme plus hanté par les enfants qu’il n’a pas pu sauver que par ce qu’il a déjà réussi à faire être reconnu pour ses actes 50 ans plus tard.
Le partit-pris de construire la narration sur deux époques différentes est assez brillant car les scènes du passé viennent faire écho aux scènes du présent et inversement, un vrai travail de cohérence entre les deux époques est réalisé. Des couleurs plus froides sont utilisées pour les scènes se déroulants à Prague pour évoquer le froid, les conditions de vie des réfugiés Juifs, un temps de guerre, tandis que des couleurs plus chaudes sont utilisées dans les scènes des années 1980 comme pour nous montrer que l’on vit dans un monde peut être plus rassurant grâce à des gens comme Nicholas Winton.
Dé le début du film, les enjeux sont posés par une scène clé. Nicholas Winton a une tablette de chocolat qu’il partage avec les enfants affamés mais il n’en a pas assez pour tout le monde. C’est l’enjeu principal auquel il devra faire face tout le film et toute sa vie, il ne pourra pas sauver tout le monde, et cela le hantera. Mais il est important de se rappeler de tout ceux qui lui doivent la vie et cette magnifique scène finale le montre quand il rencontre toutes ces personnes qu’il a sauvé.
La réalisation est assez académique mais elle sert parfaitement le récit. Les scènes du passé sont plus dynamiques avec une caméra épaule qui nous place en plein cœur de ces camps de réfugiés. Des surcadrages viennent enfermer le personnage dans le plan quand il est en difficulté, il est comme écrasé par ce monde qui n’est pas aussi gentil que lui. Dans les scènes des années 80, la caméra est placée dans la maison de Nicholas comme une observatrice, elle ne bouge pas et le filme de loin, le rythme est posé. On suit là la vie d’un vieil homme parfaitement ordinaire qui vit sa vie de retraité chez lui. C’est après tout un simple humain, et c’est ça la vraie force du film, on ne montre pas Nicholas Winton comme le plus grand des héros mais comme un simple homme ayant réalisé un exploit héroïque. Le message est clair, avec de la détermination et de la bonne volonté, chaque personne aussi simple soit-elle peut réaliser de grandes choses, peut changer le monde. On a là à faire à un personnage qui va se dresser contre tous les obstacles sur son chemin pour réussir à sauver des enfants. Sa maman, interprétée par une Helena Bonham Carter comme toujours impeccable est aussi d’une grande aide et d’une grande importance, elle représente les valeurs de Nicholas et plus largement les valeurs du films.
On a besoin de plus de Nicholas Winton dans ce monde où la guerre est toujours présente, d’où l’importance de ce film. C’est une grande œuvre, certes sans prise de risque au niveau visuel mais qui nous transporte dans sa très belle histoire et qui nous fait réfléchir sur le pouvoir de la gentillesse et de la bonté.