Pas vu District 9, pourtant acclamé comme première réussite d'un réalisateur inconnu doté d'un budget ridicule, traitant d'inégalités sociale à travers le filtre de la science-fiction. Une fois cette victoire accomplie, le gaillard se lance dans Elysium, un projet mystère auquel les producteurs allouent des moyens deux fois plus élevé par rapport à ceux de qu'il disposait pour District 9. Résultat, le film était très attendu, avec pour risque de tomber dans les travers du blockbuster type et pour potentiel de s'élever très haut dans le royaume de la SF grâce à une originalité intelligente et pertinente. Un défi de taille dans une année aussi chargée, avec des sacré poids lourds comme le très soigné Star Trek into darkness d'Abbrams, Pacific Rim de Del Toro, le Gravity de Cuaron, ou le voué à l'échec Cloud Atlas. Autant situer Elysium immédiatement derrière ces trois là, loin derrière, franchir la distance qui les sépare revient à franchir un cap. Cependant autant admettre qu'il trône sans concessions sur toute la flopée de produits réchauffés tels que Oblibion, After Earth, Les Âmes Vagabondes, Upside Down, pour ne citer qu'eux. En effet, Elysium nous propose de suivre allègrement une intrigue SF linéaire basée sur une dystopie classique (les riches dans leur faux paradis d'Elysium, les pauvres sur une Terre-bidonville), à travers un héros construits sur des éléments basiques (un passé guerrier qui le rend apte à relever l'aventure, un présent où il fait sa routine ardue, se taillant une petite part à la sueur de son front et rêvant de sa jeunesse idyllique – séquences flash-back très conventionnelles à l'appui, à deux doigt de nous faire du Terrence Malick en mode Man of Steel...). Malgré tout cet assemblage tient suffisamment la route pour que Matt Damon (décidément en vogue cette année, voire Promised Land), très en forme, insuffle toute l'émotion nécessaire à un bon héros. D'ailleurs on peut noter au passage la très bonne direction d'acteurs (Sharlto Copley nous sert un Krueger à la fois drôle et bien crade, Diego Luna un pote sympathique un peu encombrant, et Wagner Moura un geek ambitieux genre ceux de Del Toro) et d'actrices (Jodie Foster bien plus vivante que Charlize Theron pour Prometheus, dans un rôle similaire de femme-sèche au cœur de pierre, limite androïde). Beaucoup de choses sont correctes, les engrenages fonctionnent, l'action excitante et bien dosée (malgré la vidéogame's touch qui afflige à peu près tout les blockbusters dans la gamme moyenne), la violence non contenue (comme c'est souvent le cas pour des raisons économiques), bref pas de bémols à signaler. Là où ça devient plus gênant, c'est que le film ne décolle pas vraiment non plus. D'abord à cause d'une mouture à la The Dark Knight tellement récurrente ces temps ci que ça commence à devenir franchement agaçant : approche ultra réaliste technoïde, discours politique et social inclus dans la trame, magnifiques plans-séquences urbains surmontés d'une ample musique répétitive et bien sonore à la Hans Zimmer. Pas que ça soit mauvais, c'est plutôt très décevant d'un réalisateur qu'on a qualifié d'audacieux pour District 9 de se lover dans le semi-plagiat déguisé (devenu si habituel, qu'on qualifie « d'inspiration d'une telle œuvre »). Tout ce qui manque à Elysium est là dedans. Du souffle, et le culot de s'éloigner du courant, au lieu de se contenter de le surmonter de façon éphémère.