Bon, on ne va pas se mentir. Autant la jouer « bas les masques » tout de suite : je suis un adorateur inconditionnel de "District 9" et j’attendais de cet "Elysium" qu’il me renvoie dans cet esprit SF assez cru, engagé et surtout inventif. Pour le premier quart d’heure, il n’y a pas à dire : j’y étais, c’était un sans-faute, je commençais déjà à grimper au rideau. C’est que l’ami Blomkamp est quand même l’un des rares gars aujourd'hui qui a l’air de ne pas avoir oublié (avec peut-être Kosinski) qu’avoir beaucoup d’effets spéciaux n’interdisait pas d’avoir une réalisation soignée et rigoureuse. Mais bon, comme quoi il faut savoir aussi se méfier de ce qu’on veut, parce qu’au final, j’ai quand même fini par décrocher du film parce qu’il avait trop voulu faire ce que j’attendais de lui : c’est-à-dire faire du « District 9 »… Même ambiance visuelle, mêmes trips robotiques et mécaniques, même défouraillages bien crades, même propos, même logique… Pas un seul moment je n’ai été pris au dépourvu. Je me laissais guider sur mon rail. Alors, oui, c’est proprement mené, mais la surprise n’y était clairement pas, jusqu'à la dernière seconde. La faute à "District 9" ? Même pas sûr. Parce que finalement, à transposer sans vraiment adapter, "Elysium" y perd au change. L’absence d’ambivalence de « District 9 » apportait pour moi une réelle crudité, mais qui pouvait s’appuyer sur la dualité humains/crevettes qui servait de parallèle à la dualité blancs/noirs. Dans ce film, l’absence d’ambivalence prend très vite une tournure caricaturale entre les vilains privilégiés et les gentils pauvres dans leurs ghettos. Visiblement, l’ami Blomkamp n’a pas vraiment su résister à la machine à aseptiser d’Hollywood, car d’une œuvre majeure, il passe désormais avec cet "Elyseum" à la simple production d’un « grand spectacle sympa ». C’est pas mal certes, mais c’est quand même dommage aux vues du potentiel du mec...