L'image, quant à elle, de Benoît Delhomme, reconstitue à merveille la froide neutralité chromatique des deux peintres Ingres et Hammershoi, mettant en valeur les décors et costumes admirablement choisis. D'où vient alors ce sentiment de lassitude qui par moments nous taraude comme si l'ennui du personnage à son tour nous gagnait ? Comme si la maîtrise excessive du cinéaste avait tué, elle aussi, le nerf de la passion dont Isabelle Adjani a seule le secret.
Humains, très humains, les Dardenne semblent situer leur cinéma par-delà le bien et le mal. Si bien que dénuée de fioritures, leur démarche s'apparente de plus en plus à une quête de la pureté.
Seule la scène finale du film échappe à cette règle et décevra peut-être, tant elle semble s'enfermer dans les poncifs du genre hollywoodien et laisse un peu dubitatif sur ce choix du réalisateur, dont on ne sait s'il est volontaire ou non.
Heureuse initiative donc que cette ressortie de La trilogie. Comme une manière de prendre le pouls de ce qui fut une tentative libertaire ancrée dans une époque revendicative. Pour ceux qui l'ont vu lors de sa sortie le souvenir est encore vivace. Car, tel un météorite, la vision de ces trois films provoque un sérieux séisme dans l'imaginaire.
Dans la version française, Antoine De Caunes reprend pour la seconde fois la voix du héros, toujours crédible, et la jeune chanteuse Lorie, s'essaye au doublage dans le rôle de Margalo, en jouant plutôt juste, d'ailleurs. Tout ce beau monde contribue à la construction d'un film destiné uniquement à des enfants en bas âge.
Enchaînés pendant presque deux heures au destin surnaturel de cette famille américaine trop typique, entraînés par une mise en scène classieuse et diablement efficace, il serait de mauvais ton de bouder le spectacle, malgré les quelques facilités inhérentes au genre inventé par Shyamalan.
Soyons très clairs : si vous n'aimez pas MTV, la musique de bourrin, passez votre chemin, il y a sans doute un autre film qui correspondra à vos attentes. Les autres, foncez-y et régalez-vous. Car tout le mérite de ce film est de donner exactement ce qu'il prétend offrir : du spectacle... Rien que pour vos yeux.
La grande réussite de Peau d'Ange est certainement l'ange lui-même. Vincent Perez a réussi à saisir la part tragique de la jeune Morgane Moré (17 ans) et le film semble avoir été écrit pour elle.
Il faut bien sûr se cramponner la première heure parce que ce n'est pas évident, mais je suis sûr que l'expérience est indispensable puisque vous voilà devant un film véritable.
Les comédiens sont animés d'une foi suffisamment convaincante pour emporter le morceau et le dosage entre caricature et humanité est savamment distillé pour se laisser abuser.
Passé maître dans l'art de bousculer les certitudes les mieux ancrées dans l'esprit de ses compatriotes, le documentariste américain Michael Moore s'attaque non sans humour à la prolifération des armes à feu aux Etats-Unis. Edifiant.
Il y a évidemment beaucoup de tendresse pour ses personnages dans le regard (romantique) de Dai Sijie. Dommage que le passage de l'oeuvre écrite à l'écran n'ait pu se défaire d'une voix off omniprésente et de panoramiques sur les hauteurs tibétaines perdues dans les nuages (...).
Intervention divine est un film engagé qui cultive l'humour à froid, souligné par un style épuré tout en plans fixes et frontaux sur des visages impavides (c'est son côté Keaton). Or, si le film est d'abord poliment burlesque, il devient peu à peu politiquement incorrect sous le poids du désespoir. De plus en plus féroce.
Hannes Stöhr porte un regard sensible et juste, et fait montre d'une empathie telle que bien des allemands de l'Est pensaient voir là le film de l'un des leurs. Mais Hannes Stöhr nous détrompe avec eux, dans son joli français hésitant "je suis de l'Ouest, complètement de l'Ouest". Alors il a bien raison : il y a de l'espoir.
Coup de maître qui réussit quelques exploits cinématographiques inoubliables comme celui de faire rire lors d'une scène de viol nécrophile, Visitor Q est un exercice de style brillant, inattendu et terrible qui confirme que Takashi Miike a un talent singulièrement singulier et unique en son genre.
Le phrasé des héros crée souvent un effet comique réussi mais on sent parfois une intention un peu trop évidente de faire mouche en jouant sur les bons mots. La tentation de Jessica garde néanmoins une certaine fraîcheur et on se laisse emporter par cette jolie petite histoire d'amour qui, par sa simplicité ne constitue pas un chef-d'oeuvre, mais se délecte avec plaisir.
Le bilan est mitigé et sans originalité. Mais pour peu que vous n'ayez pas vu Le Club de la chance et que vous aimiez les films de femmes par les femmes et pour les femmes, alors ce mélo " ya-ya " devrait sans doute vous faire passer un agréable moment. C'est déjà ça.