Trois premiers quarts frappants sur le réel, parsemés d'éléments autobiographiques de Truffaut. Le dernier perd en rythme et en intensité, hormis la fin, mais n'altère en rien les forces du film : la transposition naturaliste d'une enfance difficile.Truffaut dépeint avec dureté l'école des années 50, punitive et violente, ainsi que l'étroitesse des appartements prolétaires et l’absence de solution, sinon l’autoritarisme, offertes aux adolescents paumés, en retard scolairement et vivant dans la précarité.
Antoine enchaîne les remontrances. Celles-ci nous paraissent d'autant plus injustes qu'on adopte son point de vue. Son lieu de vie et le rythme professionnel de ses parents, dont l'amour vacille, lui offre un cadre de vie inadapté. Par ailleurs, il mange et dort peu, et est astreint à de nombreuses corvées ménagères. L'inverse de son ami René, dont le lieu de vie bourgeois lui apporte une plus grande aisance, mais le fait souffrir de la solitude.
Incompris par ses parents, enferré dans un mensonge auprès de son maître d'école et acoquiné avec quelque adulte dans des larcins – une machine à écrire –, Antoine fugue, fait l'école buissonnière, et est projeté dans le réel austère d'une société inéquitable. Pour l'aider, personne n'est là ; pour le mettre en prison, c'est chose aisée.
Les dialogues et la direction d'acteurs des 400 coups constituent à une partie du cinéma de la Nouvelle Vague, dont Truffaut incarne l'une des figures de proue. Sa restitution tranchante déconstruit l'image de l'enfance innocente et nous pousse à nous requestionner sur les lacunes du système libéral-autoritaire.