Les 400 coups est un film considéré comme un des chefs-d’œuvre de sa génération. Pour ma part j’ai un peu de mal à y voir, si ce n’est par une tonalité plus grave, un métrage bien différent d’un Diabolo menthe par exemple. C’est un film sur la jeunesse et ses difficultés.
Le rythme est lent, et le ton est à la chronique. Succession de tranches de vie d’un jeune des années 50, le métrage se suit sans déplaisir, mais avec le sentiment que ça manque de peps, de relief, et cela en dépit de certaines séquences plus graves que de coutume dans le cinéma de ce genre. Pour tout dire, le film alterne des passages vraiment bons, et authentiques, avec des séquences plus quelconques, voire assez anecdotiques et amenées avec des lourdeurs (la relation du héros avec Balzac). Truffaut semble parfois appuyer ses effets à l’excès, et je n’ai pas vraiment trouvé la fraicheur que l’on peut habituellement ressentir dans des films se déroulant avec des héros jeunes.
Le casting est d’ailleurs un peu inégal. Jean-Pierre Léau est bon, mais il campera avec beaucoup plus de force et de subtilité un Antoine Doinel plus mature. La vérité, c’est que Léaud a déjà un jeu très mature, trop mature, et qu’il perd précisément du naturel et de la fraicheur qu’on peut trouver chez des acteurs du même âge. Truffaut est un cinéaste de l’écrit, du préparé, et j’ignore la genèse de ce film, mais il me semble clairement ressentir cette dimension trop écrite, qui apparait tant dans l’histoire que dans le jeu des acteurs, et spécialement chez Léaud. En revanche ses parents sont très bien campés, et Claire Maurier campe tout spécialement un personnage singulier qui apporte beaucoup de substance au film. Pour ma part, c’est le personnage le plus vrai et le plus original du film, un de ceux qui justifient le visionnage des 400 coups. Pour le reste, il y a des apparitions d’acteurs de renoms : Moreau, Brialy, Demy est aussi de la partie, mais ça reste anecdotique.
Quant à la forme, Truffaut livre une mise en scène sympathique, mais je n’ai rien trouvé de spécialement mémorable. Pour ma part ce n’est pas un film qui dénote une modernité particulière. Noir et blanc classique, on appréciera tout de même les décors naturels, mais la mise en scène n’est pas très enthousiasmante. C’est filmer assez mollement, et les bonnes séquences restent éparses dans un film globalement correct mais sans plus.
Je dirai simplement que ce métrage est un film sur la jeunesse qui ne se distingue pas énormément dans le genre. Chaque décennie a eu des films dans ce genre, dans les années 50 Les 400 coups tient une bonne place, mais j’ai du mal à percevoir ce qui le rendrait exceptionnel. 3.