Film désormais classique de la Nouvelle Vague, Les quatre cents coups est une oeuvre majeure dans la filmographie de François Truffaut. Un film coup de poing encore aujourd'hui, bien qu'il ait forcément un peu vieilli, et que le jeu d'acteur ne soit pas toujours convaincant. En effet, la révélation de Truffaut cinéaste est foudroyante et le film marque les esprits par sa liberté de ton et par la qualité de sa mise en scène, alors louée par les nombreux supporters de la Nouvelle Vague dont Truffaut fut l’un des fondateurs alors qu’il n’était encore qu’un journaliste pour Arts et Les Cahiers du Cinéma. Certes, on y retrouve tous les ingrédients qui font la Nouvelle Vague à l’époque : décors naturels, prises de vue en extérieurs, situations et personnages tirés du quotidien, langage de tous les jours, mise en scène décomplexée et audacieuse… Mais se contenter de ces simples détails serait occulter la beauté de la photographie de Henri Decae, qui nous offre un Paris magnifié. Et ce serait aussi oublier la formidable composition musicale du film, bouleversante de justesse et de dramaturgie. Reste que si le film nous bouleverse aujourd’hui encore, alors que les innovations d’alors sont devenues monnaie courante, c’est que ce qui fera le cinéma de Truffaut tout au long sa carrière est déjà en germe dans ce premier opus : enfance, lyrisme, émotion, liberté. Sur un scénario simple et linéaire, le réalisateur livre ce qu'il semble être une auto-biographie. Mais il va bien plus loin que le portrait d'un seul homme. Il est le portrait de toute une génération de petits parigots, et plus généralement une évocation universelle de l’enfance où tous les spectateurs pourront puiser. On est loin ici des enfants stars ou de ces portraits d’enfance bourrés de clichés. En témoigne la séquence de Guignol, quelques minutes d’éternité et une évocation de l’enfance qui n’est pas sans rappeler le grand Doisneau. D’une certains manière, Truffaut livre ici un film proche du cinéma-vérité, un quasi-documentaire sur la vie d’un adolescent dans les années 50 qui pourrait tout aussi bien être Truffaut que.. Léaud. Ce dernier joue ici son premier grand rôle au cinéma. D’une énergie et d’une aisance tout bonnement démentielles, Léaud EST Doinel, un adolescent gouailleur au naturel confondant. Le film lui doit énormément et sa performance épate encore aujourd’hui. Bien sûr, le film a pris un coup de vieux et on peut avoir du mal à se happer entièrement dedans. On peut même être sceptique quant à l'interprétation des acteurs. Mais tout déborde de justesse. Les quatre cents coups est un film à voir, car il lance le succès de deux personnages du cinéma français. Un film bouleversant, ultra-réaliste, qui malheureusement pris un petit coup de vieux.