Douze ans après s’être fait connaitre du grand public en signant Seven, l’un des films de serial-killer les plus choquants de l’histoire du cinéma, David Fincher en revient à la thématique du tueur en série en se lançant la reconstitution de l’enquête infructueuse autour d’une série de meurtres ayant réellement eu lieu en Californie dans les années 70 et qui a marqué les esprits de ses contemporains. Le tueur du Zodiac, tel qu’il se faisait appeler, n’ayant jamais été attrapé, les preuves qu’il laissait (volontairement ou non) derrière lui n’ayant mené les policiers à rien de concret, le scénario s’éloigne peu à peu du schéma classique de l’enquête policière pour s’axer sur les sentiments de frustrations et d’entêtement des personnages impliqués. Le policier incarné par Mark Ruffalo, dont on dit que la vie fut ruinée par cet échec et les accusations qui ont pesé sur lui, puis le journaliste, interprété par Jake Gyllenhaal, dont les livres ont été la première source d’inspiration dans l’écriture du film, sont tous les deux des héros loin d’être passionnants à suivre tant leur impuissance face au tueur empêche la mise en place d’une quelque forme de suspense, tandis que la répétition des meurtres et de l’envoi de lettres anonymes devient terriblement redondante. La narration qui, au fur et à mesure du film, devient de plus en plus elliptique est elle-aussi un frein à la naissance de cette intensité psychologique qu’on aime d’habitude tant à retrouver dans les réalisations de Fincher alors que le ton très sobre de l’écriture (en adéquation avec la mise en scène rigoureuse) ne permet pas, comme c’est par exemple le cas dans Memories of murders, un film coréen suivant également une enquête avortée, un minimum de second degré autour de l’incapacité des forces de l’ordre à faire face à un ennemi plus malin qu’eux.