Il y a cinq ans, David Fincher signait “Panic Room”, un virtuose exercice de style hitchcockien, et depuis, plus de nouvelles. Ou que des mauvaises : de projets avortés en désistements (il avait été question qu’il dirige “Mission : impossible 3”), le grand retour derrière la caméra de ce surdoué de l’image avait fini par se muer en arlésienne. Le revoici donc enfin, dans un genre qui l’a vu exploser en 1997 : le thriller, option “serial killer insaisissable”. Sauf que Fincher ne fait pas ici le coup de l’auteur en manque d’inspiration et/ou de succès ressortant ses vieux plats pour nous servir la même soupe. Ceux qui n’attendent de lui qu’un “Se7en 70’s” en seront donc autant pour leurs frais que ceux qui fantasment sur des plans et des mouvements de caméra aussi hallucinants et sophistiqués que les génériques de “Fight Club” et “Panic Room”, délaissés au profit d’une sobriété qui n’en est pas moins impressionnante, et offre plus de place à l’histoire. Celle, véridique, dense et prenante, de trois hommes (un dessinateur, un journaliste et un détective) lancés sur les traces du Zodiac, un tueur en série qui a terrorisé l’Amérique des années 70 et nargué les autorités, sans que l’affaire ne soit jamais résolue. Axé sur la notion du temps qui passe, le film nous laisse avoir notre propre avis sur l’identité du meurtrier, et surprend par sa longueur et sa lenteur, qui ne nuisent pourtant pas à son pouvoir de fascination, lorsqu’il montre que l’enquête, fastidieuse, vire à la quête obsessionnelle aux accents de descente aux enfers. Ceci grâce à une maîtrise et un souci du détail présents à tous les niveaux, des cadrages à la conduite du récit, en passant par l’interprétation (Jake Gyllenhaal en tête), la reconstitution d’une époque, et la photo, somptueuse. Mais c’est aussi le seul défaut de “Zodiac” qui, à trop être parfait, perd quelquefois de son impact, et manque d’un cheveu la catégorie “chef-d’œuvre”, sans toutefois remettre en cause le talent de David Fincher.