Robert Graysmith (Jake Gyllenhaal) nétait pas destiné à consacrer une grande partie de sa vie à enquêter sur le serial killer qui sétait lui-même baptisé « Zodiac », ni à écrire deux livres pour raconter son enquête. Dessinateur au « San Francisco Chronicles », il sengage dans cette aventure parce quil est intrigué par le premier message codé envoyé par le tueur, sans se douter quil vient de mettre le doigt dans un engrenage qui va dévorer son temps et sa vie privée. Le film suit la trame classique dune chronique, datant et situant scrupuleusement chaque scène de cette histoire qui sétale sur une bonne vingtaine dannées, avec des temps morts et des moments dintense accélération. Un tueur en série, une enquête, cest du déjà vu, penserez-vous et même du déjà filmé par David Fincher lui-même dans « Seven » ! Certes, mais ici, le metteur en scène ne sattache pas à nous clouer au fauteuil par la violence et la cruauté des meurtres (quoiquau début
), il a choisi de montrer la minutie dune enquête (on songe à Patricia Cornwell reprenant l'énigme de Jack l'Eventreur, grand amateur de courrier, lui aussi!) et lacharnement de deux hommes à démasquer un coupable en partant de pas grand chose. Car Robert Graysmith trouve un allié dans linspecteur David Toschi (Mark Ruffalo) qui porte son revolver comme Bullitt et un imperméable à la Colombo, après avoir perdu laide de son collègue journaliste, Paul Avery (Robert Downey Jr), victime de lalcool et de la drogue. Lenquête passe à la vitesse supérieure lorsque Robert et David collaborent enfin, abandonnant l'antagonisme traditionnel entre la police et les journalistes, mais les années ont passé, les témoins ont disparu, les preuves aussi et la mort du principal suspect y met un terme définitif. Investigation inachevée sans arrestation satisfaisante dun coupable comme dans un « polar » classique, « Zodiac » est avant tout lautopsie dune obsession.