Thriller psychologique, réalisé par William Friedkin, Bug est un film déstabilisant. L'histoire nous fait suivre Agnès, une serveuse solitaire au passé tragique, vivant dans un vieux motel dans la peur de son ex-mari violent, Jerry, qui vient tout juste d'être libéré. C'est dans ces conditions qu'elle fait la rencontre de Peter, un homme calme, mystérieux et excentrique, présenté par son amie et collègue de travail R.C. Seulement, tout va basculer lorsque le nouvel arrivant révèle à son hôte que des insectes particulièrement rares s'introduisent sous sa peau. Ce scénario, adapté de la pièce de théâtre du même nom écrite par Tracy Letts, nous plonge pendant un peu plus d'une heure et demie dans une descente aux enfers traumatisante. Si l'intrigue prend du temps à se mettre en place dans son premier tiers et qu'on se demande vers quoi elle va nous mener, on se rend compte au fil des minutes de la direction prise et celle-ci est inquiétante. Ce côté imprévisible se transforme peu à peu en un récit révélant toutes ses cartes et nous entraîne à sombrer dans la folie avec ce binôme. L'aspect psychologique est très bien traité et aborde de nombreux comportements sociaux comme la force de persuasion. Entre délire et réalité, difficile de croire à ce à quoi on assiste. Montrer l'influence que peut avoir un être sur l'autre est grandement intéressant. D'autant plus que cette thématique est couplée à d'autres comme l'amour et la guerre. Deux sujets antinomiques et pourtant complémentaires dans cette spirale de violence et de douleur aussi bien psychique que physique, traitant également avec justesse du deuil, des addictions et des violences conjugales. L'ensemble est porté par des personnages parvenant à devenir attachants sur la durée. Ashley Judd interprète une femme en détresse mentale qui va retrouver le sourire pendant un certain temps auprès d'un Peter illuminé et paranoïaque incarné par Michael Shannon. Le reste de la distribution comprenant Harry Connick JR., Lynn Collins et Brian F. O'Byrne joue des rôles tout aussi importants. Tous ces individus entretiennent des rapports de forces mentaux provoquants de nombreuses émotions entre peur, tension et tristesse. Des échanges soutenus par des dialogues d'une belle authenticité. Sur la forme, la réalisation du cinéaste américain est en demi-teinte. Si sa mise en scène parvient à se renouveler dans un endroit confiné, elle n'est pas très esthétique à cause d'une caméra à l'épaule lui conférant un petit aspect amateur. Cependant, le lieux ou se déroule presque toute l'action dans un quasi huis clos parvient bien à évoluer ce qui évite un aspect redondant. Ce visuel un peu terne est accompagné par une b.o. assez discrète. Ses compositions sont avant tout présentes afin de renforcer l'atmosphère en se fondant aux images pour servir le propos et le suspense qu'il véhicule. Cette contamination irritante s'achève sur une fin satisfaisante, venant mettre un terme à Bug, qui, en conclusion, est un film méritant d'être découvert avant tout pour son fond poussant à la réflexion.