*Anora*, lauréat de la Palme d'Or 2024, se distingue comme une œuvre cinématographique exceptionnelle, peut-être l'un des meilleurs films de l'année. Sean Baker livre ici un long-métrage sincère, authentique, et vibrant, largement porté par l'interprétation captivante de son actrice principale, Mickey Madison.
Le film se définit par son caractère vivant, animé par la performance de Madison dans le rôle d'une prostituée. C'est cette vivacité, cette énergie, qui fait de *Anora* une œuvre remarquable et différente des autres films. Madison brille par sa personnalité, illuminant le film comme une étoile dans la nuit, et offrant ainsi une contre-narration à l'idéalisation romantique de *Pretty Woman*. Alors que ce dernier célèbre le sauvetage par un prince charmant, *Anora* dépeint une réalité bien plus crue et désillusionnée, où l'amour ne résout pas tous les maux et où les contes de fées modernes sont démystifiés.
L'amour ici n'est pas sincère ni pur; il est dépeint comme un stupide caprice de la part du riche, une illusion d'amour que nous, spectateurs, voulons voir comme le véritable amour auquel on nous a habitués. Ce n'est pas le conte où la prostituée tombe follement amoureuse, où le pauvre est sauvé par un riche, ou où une femme démunie est sauvée par son prince charmant. Dans *Anora*, le "pauvre homme" est le riche, et Ani (Anora) ne sera pas sauvée. Ce film critique la notion même de l'amour idéalisé, mettant en lumière combien ces sentiments peuvent être superficiels, motivés par des désirs matérialistes ou des illusions romantiques.
Ce film est une critique sociale directe, mettant en scène la désillusion face aux stéréotypes des riches sauveurs et des fins heureuses hollywoodiennes. L'atmosphère, loin d'être lisse et idéalisée, plonge le spectateur dans une réalité où les rêves idylliques s'effacent devant la vérité des relations humaines. Les personnages, surtout les deux principaux, sont interprétés avec une authenticité qui renforce le propos du film.
La réalisation de Baker est au service de cette vision, créant un contraste saisissant avec les esthétiques habituelles des films d'amour. La musique pop et le charisme de Madison dynamisent un univers qui pourrait autrement sembler morne, confirmant son statut de révélation de l'année.
En conclusion, *Anora* n'est pas seulement un film, c'est une expérience qui remet en question nos perceptions des relations, de la richesse, et des fins heureuses. Il mérite pleinement son statut de film primé, et Mickey Madison, avec sa performance, est une candidate sérieuse pour l'Oscar de la meilleure actrice, tout comme le film l'est pour le meilleur film, aux côtés de *The Substance* avec Demi Moore.