Après l’outrancier et bien-nommé «Sans filtre» en 2022, c’est encore un film plutôt sordide qui a donc gagné la palme d’or à Cannes en 2024.
Alors, sans même caricaturer, voilà ce qu’on découvre dans la première partie du film : des fesses, des seins (mais pas de pénis à l’air, étonnant !?), des putes, des michetons, de la drogue, de l’alcool, des monceaux de billets de cent dollars et plus distribués n’importe comment, des insultes à longueurs de dialogues (mais sans grande recherche, ces gens-là, et pas seulement les personnages russes, étant très limités dans leur expression), des abruti(e)s à gogo, du vomi, des scènes de baise primaire et, curieusement, assez peu de violence physique, cela manquerait presque pour compléter cet échantillonnage de la décadence et la vacuité de notre monde, en tous cas tel qu’il est montré ici.
Certains passages de la seconde moitié peuvent faire penser aux frères Coen, voire à Tarantino, avec Toros et son duo de bras cassés qui voient la situation dégénérer quoiqu’ils tentent, mais en moins cocasse et moins bien construit.
Sean Baker tape à fond sur les russes, mais c’est normal pour un bobo de New York. C’est bien connu qu’il n’y a que chez les Popovs que l’on trouve des fils à papa/maman, gâtés, pourris, inconsistants, vides, à la limite de la débilité mentale, dont le fric des parents règle tous les écarts.
Pour être juste, j’écrirais que, globalement, on ne s’ennuie cependant pas malgré la durée (certaines scènes aurait pu être raccourcies et d’autres carrément supprimées) et on rigole (un peu) parfois. En revanche, on ne s’émeut jamais car aucun personnage ne suscite la sympathie ni la pitié, y compris «l’héroïne» malmenée, car stupide, cupide, grossière et «même pas belle». Quant à cet épilogue gentillet et cucul la praline où l’on assiste à l’accouplement (un de plus) de ces deux paumés, on a du mal à croire qu’ils puissent vraiment construire une histoire d’amour pérenne.
De deux choses l’une : ou les jurés de Cannes se sont encore bien moqué du public cette année ou alors la sélection ne devait pas voler bien haut !