Le concept du sourire maudit qui vous pourchasse jusqu'à la mort est intrigant, et on est bien content que Smile tienne au moins ses promesses sur le plan de l'horreur : étant très bon client pour les sursauts, on a décollé. Mais outre les jumpscares un peu idiots (il faut bien le dire : on coupe la lumière et le son, on laisse le personnage proche d'une porte grande ouverte ou on lui dit "retourne-toi", pour qu'on ait un sursaut classique, musique à fond), Smile ose faire peur de face avec quelques scènes gores (
l'ouverture, les clichés de corps déchiquetés, la tête de la sœur qui tombe devant la voiture, le final en body-horror...
). Et c'est bien dans ces scènes d'épouvante droit dans les yeux que Smile marque tous ses points. Tous ? Non, car ce serait oublier le vrai atout du film : son actrice principale, Sosie Bacon, qu'on avait rapidement repérée dans Charlie Says (elle y dégageait déjà cette fragilité qui nous la rend attachante et identifiable) et qui ici porte le film de bout en bout, opposant les yeux fatigués et larmoyants au sourire froid et effrayant. On notera aussi des tentatives de mise en scène (qui abusent légèrement du plan renversé, non, Parker Finn, tu n'es pas Ari Aster) qui sont souvent tape-à-l’œil, mais essayent, au moins. Mais si l'on sort de ces quelques bons points, on voit vite que Smile a négligé son joli concept, ne prenant pas soin de sa propre histoire :
on ne sait jamais d'où sort cette malédiction (on se dit : "Mais le premier, comment il a chopé ça ?"), ni pourquoi l'héroïne d'abord très pragmatique, devient si peu maline à l'approche de la fin (on lui dit qu'il y a déjà eu une chaîne au Brésil récemment... Alors pourquoi ne cherche-t-elle pas comment le dernier s'en est sorti ?), et on regrette que jamais les recherches de la victime ne tombent sur les écrits religieux qui décrivent le sourire et le rire comme une création du Diable (ç'aurait pu être une idée pour l'origine de la malédiction)). Au final, le côté "sourire" qui fait toute l'originalité du scénario, on l'oublie très vite. Dommage, vraiment, dommage.
Idem la fin est une succession de clichés prévisibles, et verse dans du body-horror gratuit (on s'est demandé ce que le plan de "l'intrusion buccale" - appelons ça comme ça - faisait là). Et enfin on trouve un peu faciles tous les gros plans sur les "sourires" que l'on croise au quotidien : sur une boîte de jouets (mais qui achèterait un jouet où les gens sur la pochette font la tronche ?), une tasse à café (idem : on a tous connu cette tasse censée mettre de bonne humeur), sur les illustrations des degrés de douleurs à l'hôpital (idem : on voit ces plaquettes partout à l'hôpital ,et pour notre part, c'est plutôt la dégaine cramoisie du "10/10" qui nous a attiré l'oeil...). Au final, Smile tente de se démarquer de ses concurrents pour ados avec quelques plans audacieux (kitschs, mais au moins il essaie), avec des scènes de terreur droit dans les yeux (efficaces !) et une actrice principale qui est ultra convaincante. La BO étant inexistante, on aurait tellement aimé qu'il s'offre en ouverture la chanson Smile de Nat King Cole. Là, on aurait vraiment souri.