Farid Tir, vous connaissez ? Il s'agit d'un braqueur qui, au début des années 2000, avait enchaîné les casses à une cadence quasi industrielle. Lors de son procès, une de ses victimes, une jeune femme de 38 ans, était venue témoigner pour dire à quel point elle fut traumtisée et à quel point sa vie s'en était retrouvée chamboulée. Celui-ci, ne s'attendant pas à pareilles répercussions, avait demandé pendant sa période de détention (laquelle court encore, il me semble) à rencontrer les victimes (la jeune femme de 38 ans la première) pour parler avec elles. Bon, je veux bien admettre que "Je verrai toujours vos visages" est important en cela qu'il aborde un thème essentiel, mais il y a des trucs qui me chiffonnent sérieusement là-dedans. Si je ne suis pas défavorable au principe de justice restaurative, je suis en revanche totalement opposé au cheminement que l'on me fait voir ici. Parce que pour moi, avec le caractère potentiellement explosif que cela présente, il n'y a de guérison possible pour la victime que si et seulement si elle rencontre son vrai bourreau et pas un autre condamné pour les mêmes délits ou crimes. Et cela doit se faire en dehors de tout cadre associatif. Ben tiens, puisque l'on parle de traumatismes, on va aller encore plus loin : la notion même du traumatisme est traitée plus que superficiellement. Herry nous dit qu'il suffit que ces rencontres aient lieu pour que les victimes aillent mieux (presque comme par magie) et pour que les coupables fassent amende honorable. C'est tout simplement oublier que bon nombre de condamnés sont des cas incurables puisque relevant de la pathologie mentale pour certains ou de la pire bassesse humaine pour de nombreux autres. On se trouve vraiment face à un film qui déploie un propos angélique et presque complaisant face à la délinquance et la criminalité. C'est précisément le genre de raisonnement qui a conduit au laxisme judiciaire dont nous souffrons aujourd'hui. Sur les 4 cas présentés, seul celui concernant la jeune femme victime d'abus sexuels de la part de son frère aîné a une approche crédible. Alors oui, sujet très intéressant, interprétation correcte sans être brillante, pas d'ennui, mais désolé pour ceux qui aiment, le fond et le propos sont hautement douteux.